Deux mesures d'urgence : Bloquer les loyers et construire en masse08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Deux mesures d'urgence : Bloquer les loyers et construire en masse

Parmi les 30 engagements du Parti socialiste, au cas où il accéderait au pouvoir, figure en douzième place celui destiné à « stopper l'envolée des loyers » : « Nous plafonnerons leur montant lors de la première location ou à la relocation, notamment dans les zones de spéculation immobilière. »

Cette timide évocation de l'éventualité, non d'un blocage, mais d'une simple limitation des hausses des loyers a suffi pour que tout ce que le marché immobilier compte de promoteurs, de gros agents immobiliers et autres marchands de biens dénonce une mesure qui serait, prétendent-ils, pire que le mal. Le directeur général de l'un des principaux réseaux d'agences immobilières expliquait même qu'une telle mesure entraînerait « le danger d'aboutir à une pénurie de biens à louer, avec à la clé une nouvelle hausse des prix ».

Ce n'est pas un argument nouveau ! Tous les ministres de droite qui se sont succédé ont écarté l'idée d'un quelconque encadrement des loyers, sous prétexte que cela ferait peur aux propriétaires, qui refuseraient de louer, laisseraient leurs biens à l'abandon ou vendraient pour aller placer leurs capitaux ailleurs.

Il est insupportable que, dans cette période où le niveau de vie de la classe laborieuse est attaqué de tous les côtés, les loyers grimpent au point que les familles ne peuvent plus les payer, ne trouvent même plus à se loger. Dans cette situation, il est urgent de bloquer les loyers, de façon radicale, en interdisant les augmentations qui interviennent sans aucune relation avec les augmentations de salaire inexistantes, sans parler des situations où les locataires se retrouvent au chômage. Et c'est également vrai dans le secteur du logement social, lorsque les sociétés HLM ne respectent pas les recommandations ministérielles de modération des hausses, en principe limitées jusqu'à la fin de 2013 à 1,1 % par an. Des associations dénoncent les dépassements effectués par certains organismes HLM, pouvant représenter des hausses de loyer de 10 %, et réclament à juste titre le gel des loyers.

Ce blocage des loyers devrait s'accompagner de la construction massive de logements de bonne qualité et à prix coûtant, répondant aux besoins de tous ceux qui à l'heure actuelle cherchent désespérément à se loger. Le déficit de logements est aujourd'hui estimé à plus d'un million. Et il est bien évident qu'il ne faut pas compter sur les capitalistes de l'immobilier, qui sont plus préoccupés de faire des profits que des logements, pour combler ce déficit. Il n'y a que l'État qui puisse concentrer entre ses mains les moyens humains, matériels, techniques pour trouver les terrains et lancer les chantiers indispensables. À l'heure actuelle, l'État s'en remet pour l'essentiel aux grandes entreprises privées comme les Bouygues ou les Kauffman and Broad pour construire l'essentiel de ce qui sort des chantiers de construction. Soit quelque 300 000 logements au total chaque année, dont même pas un tiers est constitué de logements dits sociaux, c'est-à-dire destinés aux familles salariées. Et pourtant, le logement devrait relever d'un service public, au même titre que les transports en commun, les voiries, le service de l'eau ou de l'énergie.

Oui, la première urgence aujourd'hui réside dans un blocage des loyers, la réquisition des logements vides et la construction en nombre suffisant. Car personne ne doit se retrouver sans toit sous prétexte que les propriétaires veulent gagner toujours plus et prétendent jeter à la rue ceux qui ne peuvent plus payer ce qu'ils exigent.

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