Les banques centrales au secours des banquiers européens07/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2262.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les banques centrales au secours des banquiers européens

Mercredi 30 novembre, les banques centrales américaine, britannique, canadienne, européenne, suisse et japonaise ont fait savoir dans une déclaration commune qu'elles étaient prêtes à alimenter en dollars les banques -- en particulier les banques européennes -- qui ont du mal à s'en procurer sur le marché des prêts interbancaires.

Depuis l'été dernier en effet, les banques américaines refusent de prêter aux banques européennes les dollars dont elles ont besoin pour financer leurs opérations de commerce international. Les doutes sur la solvabilité des États ont entraîné des doutes sur la solvabilité de leurs banques créancières. La crise de la dette des États de la zone euro s'est transférée aux banques européennes. Mais cette défiance à l'encontre des banques européennes ne vient pas seulement des banques américaines. Elle a commencé à toucher les banques européennes elles-mêmes les unes vis-à-vis des autres. Elles hésitent de plus en plus à se prêter entre elles et ont commencé à durcir les conditions d'octroi des crédits aux entreprises, grandes et petites, et aux particuliers. En fait, ce qui se profile, c'est, comme en 2008-2010, le risque d'une paralysie du système bancaire et du financement de l'économie, et donc l'effondrement brutal de cette dernière.

Mais le risque, aujourd'hui, est plus grave qu'en 2008-2010. À l'époque, c'est l'intervention conjointe des États et des banques centrales qui, à coups de milliards, avait abouti à éviter la « crise systémique ». Mais aujourd'hui les États européens, qui se sont surendettés lors du précédent sauvetage des banquiers, n'ont plus les moyens d'intervenir directement. Ils sont eux-mêmes en crise. Devenus la cible de la spéculation, ils ont eux-mêmes besoin d'être « sauvés ».

Comme depuis 2008, les banques centrales vont donc venir au secours des banquiers. En Europe, la BCE n'a jamais cessé de le faire, par exemple en rachetant des obligations grecques, irlandaises, espagnoles ou italiennes. Et, depuis 2008, les banques qui rencontrent des difficultés à se procurer l'argent dont elles ont besoin ont la possibilité d'emprunter à la BCE sans limite de montant, et à un taux très bas : il a été, depuis le début du mois dernier, abaissé de 1,50 % à 1,25 %, et devrait diminuer encore, selon la presse. En outre, la BCE a récemment allongé la durée de vie de ces prêts, et en a facilité les conditions d'obtention. Début novembre, elle a lancé un programme d'achats d'obligations des banques pour 40 milliards d'euros. Tout cet argent est distribué à fonds perdu aux banquiers et, d'une façon ou d'une autre, c'est aux travailleurs que sera présentée la note, directement par de nouvelles mesures d'austérité, indirectement par de l'inflation.

Si la BCE ne suffit pas à faire face à la crise bancaire européenne, si elle s'aggrave, les autres banques centrales signataires de l'accord du 30 novembre ont fait savoir qu'elles sont prêtes à apporter leur soutien... et leurs liquidités. Le communiqué annonçant cet accord spectaculaire précise en effet qu'il pourrait porter sur d'autres devises que le dollar... « si les conditions du marché l'exigent ».

Au-delà du prétexte immédiat -- l'alimentation des banques européennes en dollars -- il s'agit pour ces six grandes banques centrales de manifester leur « solidarité » avec la BCE, pour lui permettre de répondre aux exigences des « marchés » et des spéculateurs.

En pleine crise de folie, l'économie capitaliste continue de fournir à ceux-ci les milliards de profits qu'ils exigent, des milliards qui ne servent à rien d'utile à la société, mais au contraire continuent à l'appauvrir.

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