Grande-Bretagne : Contre l'austérité, mobilisation du secteur public07/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2262.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Contre l'austérité, mobilisation du secteur public

La Grande-Bretagne a connu, le 30 novembre, sa première grève nationale dans le secteur public depuis décembre 1978, et sa troisième journée de mobilisation importante depuis le début de la crise.

Cette fois-ci, contrairement au mouvement de grève du 30 juin dernier qui n'avait touché que l'enseignement et la fonction publique, les appareils syndicaux avaient appelé les gros bataillons de la santé et des municipaux à se joindre au mouvement. En tout, trois millions de syndiqués avaient voté pour cette journée de grève à une écrasante majorité.

Cela s'est vu et la grève a été un succès que même le gouvernement a dû finir par reconnaître. Qui plus est, bien qu'organisés de façon quasiment confidentielle, les rassemblements et manifestations de grévistes qui ont eu lieu dans une centaine de villes ont regroupé plusieurs centaines de milliers de participants. Enfin, fait très inhabituel, un nombre significatif de travailleurs du privé étaient présents aux côtés des grévistes, sans y avoir été invités par les appareils syndicaux, tandis que les passants applaudissaient les manifestants.

Comme lors des précédentes mobilisations, les directions syndicales avaient choisi de limiter celle-ci au seul terrain des attaques contre les divers régimes de retraite du secteur public. Ces attaques incluent le report à terme de l'âge de la retraite de 60 à 67 ans pour tous, l'augmentation immédiate des cotisations (3 % du salaire en plus, alors que les salaires du public sont bloqués pour deux ans) et une série de changements dans le mode de calcul et d'indexation des retraites, qui se traduira à terme par une baisse moyenne de 15 à 25 % des montants perçus. Sachant que la moitié des retraités du public touchent déjà moins de 536 euros par mois aujourd'hui, il y a effectivement de quoi être en colère.

Le problème est que, depuis le 30 novembre, c'est le silence radio du côté des directions syndicales. Les négociations ont repris au plus haut niveau entre les appareils syndicaux et le gouvernement, sans que rien ne filtre de ce qui s'y trame. Et ce n'est pas sans inquiéter certains, qui se souviennent comment en 2008, sous le précédent gouvernement travailliste, les mêmes dirigeants syndicaux avaient accepté, sans contrepartie ni consultation de la base, le passage de l'âge de la retraite de 60 à 65 ans pour tous les nouveaux embauchés à partir de 2010.

Mais, surtout, il y a toutes les mesures d'austérité immédiates du gouvernement Cameron, auxquelles les appareils syndicaux ont fait le choix de ne pas s'opposer, quand ils ne proposent pas leurs services aux administrations pour les aider à mettre en oeuvre ces mesures.

C'est ainsi que le 30 novembre on pouvait voir dans les rangs des manifestations bien des panneaux manuscrits contre les suppressions d'emplois -- on en est aujourd'hui à 240 000 suppressions d'emplois publics en un an. Mais on pouvait aussi y voir des panneaux protestant contre des baisses importantes de salaires imposées par certaines municipalités, parfois appliquées avec l'aide des appareils syndicaux, en particulier dans les grandes municipalités travaillistes telles que celle de Birmingham.

Autant dire que, si la journée du 30 novembre a été un incontestable succès, les travailleurs britanniques ne peuvent guère se fier aux directions syndicales pour aller de l'avant et mener l'épreuve de force nécessaire contre les attaques de la bourgeoisie. Il faudra pour cela dans la classe ouvrière une explosion de colère suffisamment forte pour ébranler le contrôle étroit qu'exercent les appareils syndicaux sur ses plus gros bataillons.

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