Pôle emploi : Une dégradation du service pour les employés comme pour les chômeurs27/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2256.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pôle emploi : Une dégradation du service pour les employés comme pour les chômeurs

Lundi 24 octobre, un chômeur s'est tailladé le bras dans une agence de Pôle emploi de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. Une semaine auparavant, un autre avait retenu en otages des employés d'une agence parisienne pendant plusieurs heures.

Les incidents de ce genre se multiplient à Pôle emploi. L'an dernier, 5 500 agressions, surtout verbales mais aussi physiques, y ont été recensées, et elles sont en hausse de 20 % pour le premier semestre 2011.

Pour le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, la multiplication des incidents ne serait pas liée « à une quelconque dégradation du service ». Cela reste à voir. Il est sûr que le peu d'emplois proposés à des chômeurs toujours plus nombreux suffirait à lui seul à rendre la situation explosive. Mais il est sûr aussi que, contrairement à ce qu'affirme Charpy, les employés de Pôle emploi ne cessent de dénoncer la dégradation du service depuis sa création en décembre 2008, qui ne leur permet plus d'aider les chômeurs.

Faute de personnel, relève un syndicaliste, les agents n'ont plus le temps de collecter les offres d'emplois, les délais de traitement des dossiers s'allongent, passant à un mois au lieu d'une semaine. En outre, de plus en plus de postes sont occupés par des employés en CDD à qui l'on demande, sans les avoir formés, de répondre aux problèmes parfois complexes des chômeurs. Mais, surtout, les directives qu'ils doivent appliquer sont inhumaines et sources de conflits : elles visent prioritairement à radier le plus de chômeurs possible pour des broutilles, quelques minutes de retard à un rendez-vous ou un papier oublié, afin qu'ils ne figurent plus dans les statistiques. D'un côté, les agents de Pôle emploi vivent mal le rôle ingrat qu'on leur demande de jouer et les pressions que la direction fait sur eux ; de l'autre, il n'est pas surprenant que les chômeurs, excédés de ces atteintes à leurs droits, se mettent en colère et s'en prennent à la personne qu'ils ont en face d'eux.

Charpy va lancer une consultation du personnel sur la sécurité. Mais il n'envisage pas d'embaucher. Du personnel qualifié en nombre suffisant dans chaque agence ne résoudrait pas tous les problèmes créés par la montée du chômage. Mais cela permettrait au moins de détendre l'atmosphère, d'assurer dans des conditions humaines l'accueil des chômeurs, tout comme le travail des agents de Pôle emploi.

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