Impôts : Nul devoir ne s'impose aux riches27/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2256.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôts : Nul devoir ne s'impose aux riches

Savoir exactement ce que paient, en impôts, les contribuables les plus riches, les milliardaires, n'est pas facile. Eux-mêmes ne communiquent pas beaucoup là-dessus, sans doute pour cacher cette évidence : ils paient, en proportion, moins ou beaucoup moins que bien des contribuables moins fortunés qu'eux.

L'administration fiscale leur facilite la tâche : leur feuille d'impôt relève quasiment du secret-défense, et les statistiques gouvernementales sur le recouvrement des impôts mélangent tous les contribuables, sans faire de distinction.

Pourtant, on connaît, en théorie, quelques-uns des trucs de ces milliardaires. Le plus connu est l'expatriation fiscale : s'installer dans un pays où l'on paye moins d'impôts est une pratique assez ancienne. Ainsi, la plus grosse fortune française de Suisse est la famille Peugeot, installée là-bas depuis 1929. Les estimations sur sa fortune varient de 3 milliards à 4,8 milliards d'euros, et les Peugeot ne payent aucun impôt en France. On peut trouver aussi en Suisse nombre de riches actionnaires ou héritiers, parmi les plus riches de France, ceux dont la fortune est estimée à plus d'un milliard d'euros. Se sont ainsi « expatriés » Benjamin de Rothschild, les familles Castel (vins, eaux et bières), Wertheimer (Chanel), Louis-Dreyfus (négoce et OM), Bich...

En Belgique, pays apprécié parce que la fiscalité sur les produits financiers est réduite et les plus-values non imposables, on trouve Gérard Mulliez, deuxième fortune de France (19 milliards d'euros) et sa famille, propriétaires, entre autres, d'Auchan, Saint-Maclou, Simply, Kiloutou et Décathlon, qui sont ainsi, fiscalement parlant, des contribuables belges. De même la famille Defforey (société Carrefour) ou Bernard Darty sont résidents belges et n'ont pas de comptes à rendre en France.

Ceux qui ont choisi de rester sur le territoire français font ce qu'il faut pour payer le moins d'impôt possible. En 2010, Lilliane Bettencourt avait révélé, sans doute pour qu'on la félicite, qu'elle avait payé « 397 millions d'euros d'impôts en dix ans ». C'est très peu pour une fortune, la troisième de France, estimée à 15 milliards d'euros. Son taux d'imposition dépasse à peine 6 % de ses revenus annuels, soit moins que beaucoup de salariés, ceux de L'Oréal comme les autres.

Un des moyens utilisés par Liliane Bettencourt est de percevoir l'essentiel de sa fortune et de ses revenus par l'intermédiaire d'une société, Clymène, celle-là même qui était gérée par Mme Woerth. Elle ne déclare ainsi pour elle-même qu'une infime partie de ses véritables revenus.

Tous les très riches utilisent ces possibilités légales, et bien d'autres encore, pour « optimiser » la gestion de leur patrimoine, en créant des sociétés, profitant de dizaines de niches fiscales, votées spécialement pour eux. Quitte à embaucher des juristes, des fiscalistes, des sociétés spécialisées dans « l'optimisation fiscale ». Ceci en toute discrétion.

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