Grèce : Face aux mesures d'austérité, 19 et 20 octobre, deux jours de grève générale27/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2256.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Face aux mesures d'austérité, 19 et 20 octobre, deux jours de grève générale

Face aux nouvelles mesures antipopulaires du gouvernement grec, les syndicats avaient appelé à deux jours de grève générale le 19 et le 20 octobre, jour du vote au Parlement.

Après une brève pause estivale, les mobilisations ont repris de façon importante dans les écoles et les universités, dans les transports, parmi les éboueurs et bien d'autres. La manifestation du 19 a été massive, avec des dizaines de milliers de travailleurs, de retraités, de jeunes étudiants, de chômeurs et parfois de commerçants qui pour la première fois participaient à une grève générale. Les travailleurs se sont répandus dans les rues d'Athènes en deux cortèges. Le premier organisé par la confédération syndicale du privé GSEE et le syndicat des employés du public Adedy, l'autre par Pame, le syndicat lié au Parti communiste. Les cortèges, l'un après l'autre, ont rejoint la place Syndagma, où se trouve le Parlement, pour exprimer aux « représentants du peuple » la rage populaire contre les mesures qu'ils s'apprêtaient à promulguer.

L'enthousiasme et la participation ne sont certainement pas suffisants pour gagner une bataille de ce genre, mais elles sont un thermomètre de la volonté de lutte qui existe dans le pays et elles ont balayé le climat pesant et de dépression qu'on respirait sur cette place le samedi précédent, durant la journée internationale de lutte des Indignés. Les cortèges ont défilé durant presque quatre heures. Le deuxième cortège n'avait pas encore fini d'entrer sur la place que des incidents ont éclaté entre de jeunes manifestants et la police, incidents qui ont duré jusqu'au soir, brouillant l'aspect le plus important de la journée : la réussite remarquable de la manifestation dans les rues d'Athènes.

À Athènes, la journée du 20 a commencé tôt par l'occupation par Pame, dès une heure du matin, de la partie de la place la plus proche du Parlement. Cet espace s'est peu à peu rempli d'adhérents et de sympathisants de ce syndicat, lié au PC et voulant s'autoproclamer la seule et authentique « avant-garde » de la lutte.

Le reste de la place, à partir de 11 heures du matin, s'est rempli d'une foule de travailleurs, adhérents aux autres syndicats, GSEE et Adedy, à des comités de lutte et d'occupation, à des organisations politiques. La foule occupait la place, protestant contre le gouvernement qui, au Parlement, était en train de faire voter les mesures pour « sauver la Grèce ». Comme la veille, la participation a été massive et très animée, Athènes semblant paralysée.

Vers trois heures de l'après-midi, un gros bataillon de koukoulofori (les « encapuchonnés », appartenant à de prétendus groupes anti-pouvoir) se sont affrontés au service d'ordre du Pame en tentant de faire irruption devant le Parlement. La réaction du service d'ordre de ce syndicat a été immédiate et des accrochages se sont produits, avec de nombreux blessés. On a annoncé la mort d'un travailleur du bâtiment, syndicaliste du Pame, victime d'un infarctus causé, selon un médecin, par les gaz lacrymogènes de la police. La foule a alors commencé à abandonner la place avant que Pame décide de dissoudre son cortège. Les koukoulofori, eux, ont continué alors leur combat personnel contre le « pouvoir », en se défoulant contre la police et... les vitrines.

La journée s'est terminée avec le vote au Parlement des nouvelles mesures antiouvrières. L'ex-ministre de l'Économie Louka Katseli a été expulsée séance tenante du groupe parlementaire du Parti socialiste pour avoir refusé de voter l'article 37 du projet de loi. Le ministre socialiste de l'Économie Venizelos, tentant d'éviter d'autres votes négatifs dans les rangs de son propre parti, a évoqué une « catastrophe irrémédiable pour le pays » si par hasard la loi n'était pas passée.

Pour les travailleurs, les retraités, pour les chômeurs qui sont désormais 18 %, pour les immigrés, pour les couches les plus pauvres de la population, la catastrophe serait la poursuite des mesures économiques prises par le gouvernement. Seule leur capacité à réagir, à s'organiser, à faire émerger une avant-garde consciente, à se lier aux autres travailleurs d'Europe pourra empêcher qu'une telle catastrophe soit irrémédiable.

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