Crise : La « dette publique » dans tous ses États27/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2256.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crise : La « dette publique » dans tous ses États

La Grèce, puis l'Espagne et le Portugal, récemment l'Italie, sans oublier l'Irlande, ont été pris pour cible par les banquiers et les spéculateurs, vu l'importance de leur dette publique. À qui le tour maintenant ? Celui de la France pourrait venir après que Moody's, une des agences de notation qui évaluent la fiabilité financière des États, a annoncé qu'elle pourrait bien la priver de la note maximum, AAA.

Les États détenteurs d'un triple A, censés avoir la capacité de payer leurs dettes rubis sur l'ongle, ont accès à des emprunts aux taux les moins chers. En revanche, un État dont la note a été dégradée, car on estime qu'il a des difficultés à payer, se voit imposer des taux plus élevés. Ceux-ci étranglent son économie, et surtout ses classes populaires, car les autorités locales et européennes répercutent sur elles tout le poids des exigences du système financier.

Outre les pays déjà cités, le Japon et les États-Unis viennent, eux aussi, de perdre leur triple A. La spéculation des banquiers sur la dette publique, qui a plongé la zone euro dans la crise que l'on voit, touche en fait tous les pays.

Les finances de tous les pays économiquement développés - les autres, trop pauvres, sont considérés comme non solvables - sont examinées d'un oeil suspicieux par les requins de la finance. Fonds spéculatifs, banques et trusts internationaux, qui ont encaissé des milliards du fait de l'envolée de la dette, sont bien placés pour savoir qu'un peu partout les États ont systématiquement vidé leurs caisses pour venir en aide à leurs capitalistes.

DES CAISSES PUBLIQUES VERS LES POCHES PRIVEES

Car, derrière des expressions vagues comme « creusement de la dette » qu'emploient politiciens et médias, se dissimule une réalité bien concrète : le pillage des fonds publics par la bourgeoisie, et ses conséquences.

Depuis au moins une quarantaine d'années, ce pillage a pris des formes multiples et variées de subventions massives aux entreprises et aux banques : dégrèvements d'impôts ; exonérations de cotisations sociales ; prêts-cadeaux accordés à des taux inférieurs à l'inflation ; multiplication des niches fiscales pour les grosses sociétés et les très riches ; réduction du taux de leur imposition ; commandes publiques garantissant d'énormes profits aux grandes entreprises ; privatisation à prix bradé d'activités très profitables du secteur public.

Ces milliards versés à flots dans les poches du patronat par tous les gouvernements ont, au fil des années, creusé un trou dans le budget de l'État. Contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, la dette de l'État ne doit rien, ou bien peu, au fait de combler le « trou » de la Sécurité sociale ou d'abonder des caisses de retraite en déficit. En réalité, elle résulte d'un hold-up au profit du capital, organisé en permanence par l'État lui-même.

Depuis la crise financière de 2008, ce gigantesque transfert de fonds vers le privé s'est brusquement accéléré : la dette de l'État français a bondi d'un tiers en quatre ans, passant de 1 211 à 1 646 milliards d'euros de 2007 à aujourd'hui.

Mais le phénomène date de plus longtemps et l'État a toujours laissé piller ses propres caisses au profit des classes possédantes. Et lorsque la stagnation de l'économie mondiale, qui a débuté dans les années soixante-dix, s'est fait sentir sur les profits des grands groupes, en France comme ailleurs, les États se sont mis en quatre pour aider les détenteurs de capitaux à maintenir et accroître leurs profits.

Le seul remboursement des intérêts, le service de la dette, est devenu maintenant le premier poste du budget. L'État débourse désormais plus pour rémunérer des financiers parasites que pour l'éducation de millions de jeunes. Depuis 2005, même le produit de l'impôt sur le revenu d'une année ne suffit plus à assurer le service de la dette. L'État s'endette donc toujours plus pour payer ses dettes, en fait pour enrichir ceux qui les ont creusées.

AUX RESPONSABLES DE LA DETTE DE LA PAYER

Aujourd'hui, la rapacité des possédants a fait prendre au pillage du budget une telle ampleur que ses responsables, banquiers et spéculateurs, s'en affolent. Avec leurs finances mises à mal par les opérations de sauvetage des banques en 2008, les États sont devenus des proies pour les prêteurs-spéculateurs. Mais, maintenant pris à la gorge, de plus en plus d'États n'arrivent plus à faire face. La crise de la dette est là, énorme, comme le prétexte que cela offre aux gouvernements pour s'en prendre aux revenus des populations afin de maintenir les profits des nantis.

Qui casse les pots, doit les payer ! La dette, de Paris à Athènes, de Berlin à Rome ou Madrid, seuls les capitalistes en sont responsables. À eux d'en faire les frais.

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