Victimes de l'amiante : Un recul, mais le combat continue19/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2255.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Victimes de l'amiante : Un recul, mais le combat continue

À l'appel de l'Andeva (Association nationale des victimes de l'amiante) et de la FNATH (Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés), c'est plus de 3 000 personnes malades de l'amiante ou leurs familles, venues de toute la France et même d'Italie, qui ont manifesté le samedi 15 octobre à Saint-Quentin dans l'Aisne.

Pourquoi Saint-Quentin, alors que d'habitude cette manifestation nationale avait lieu à Paris ? Parce que c'est la ville dont Xavier Bertrand, ministre de la Santé, est aussi le maire. Or le 3 juin dernier Bertrand a pris un décret qui supprime le délai de neuf années imposé jusque-là aux propriétaires des grands bâtiments pour les désamianter, et qui organise une dérogation sans fin. De plus, les mesures indispensables que sont l'abaissement des seuils d'empoussièrement, la prise en compte des fibres courtes d'amiante ou l'obligation de désamianter d'autres matériaux que les flocages ou les calorifugeages ne sont pas mises en oeuvre.

Pour le gouvernement, l'intérêt financier des propriétaires est visiblement plus important que la santé des personnes exposées. Ce soutien aux propriétaires délinquants qui n'ont pas réalisé les travaux de désamiantage met en danger de nombreuses vies.

Mais de plus Xavier Bertrand a pris le 8 octobre un décret qui élargit le champ de recrutement du président du conseil d'administration du Fiva (Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante) au-delà des magistrats de la Cour de cassation. Cela pourrait permettre au gouvernement de désigner à ce poste un membre du Conseil d'État ou de la Cour des comptes et de s'assurer ainsi une majorité dans le conseil d'administration du Fiva. Il pourrait ainsi revoir à la baisse le montant des indemnisations versées chaque année à 8 000 victimes en moyenne.

Auparavant, Xavier Bertrand avait même annoncé son intention d'augmenter la représentativité des employeurs (deux de plus), ce qui aurait donné une majorité automatique au gouvernement et au patronat. C'est la réaction immédiate des associations des victimes de l'amiante qui l'a fait reculer sur ce point. De même que la nouvelle de la manifestation dans sa bonne ville de Saint-Quentin lui a fait prendre un second décret nommant pour les trois ans à venir... un président de la Cour de cassation !

C'était bien sûr une manoeuvre visant à calmer la colère des associations mais celles-ci sont restées mobilisées et ont maintenu à juste titre leur manifestation à Saint-Quentin, au cours de laquelle elles ont rappelé l'exigence d'un procès pénal des patrons responsables de cette catastrophe sanitaire qui fait 3 000 morts par an. Ce qui est possible avec le procès qui se tient contre Eternit à Turin doit l'être en France.

Il paraît que Xavier Bertrand a été « prodigieusement agacé » par cette manifestation qu'il n'a autorisé à stationner qu'un quart d'heure devant la mairie. Il faut croire qu'en les mettant en cause, lui et le gouvernement, elle visait juste !

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