Renault-Sovab -- Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Les grévistes ont contraint le patron à reculer19/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2255.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Sovab -- Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Les grévistes ont contraint le patron à reculer

Démarrée le lundi 3 octobre, la grève a cessé vendredi 14 à l'usine Renault Sovab de Batilly, qui fabrique les fourgons Masters.

Les revendications étaient une prime de 1 000 euros pour compenser le manque à gagner dû à la baisse de l'intéressement, et une prime de 200 euros net par mois, liée à la mise en place des nouveaux horaires. Trois syndicats étaient parties prenantes de la grève, CGT, CFTC et SUD, mais ce dernier s'est désolidarisé des grévistes en fin de mouvement.

Au départ, la direction affirmait ne pas avoir un centime, alors que Renault affiche des bénéfices insolents, 1,25 milliard au premier trimestre, et 11 milliards de trésorerie en caisse. Si la direction de la Sovab ne voulait rien céder, elle a fini par lâcher une prime de 450 euros net, le paiement de quinze heures de grève, c'est-à-dire deux jours, et l'étalement des retenues pour grève à raison de un jour par mois.

Environ 120 grévistes de l'équipe de nuit ont fait dix jours de grève, et près de 200 grévistes en 2x8 auront fait neuf jours. Au total, 400 travailleurs auront participé à la grève. Le blocage total de la production commençant à poser problème dans tout le bassin, c'est lors d'une réunion à la sous-préfecture, mercredi 12, que Renault a commencé à lâcher du lest, espérant bien que la grève cesse. Mais lors d'un vote à bulletins secrets, jeudi 13, l'écrasante majorité des grévistes présents aux piquets -- 91 sur 114 votants -- ont refusé de reprendre le travail, encouragés par ce premier recul du patron.

Les grévistes n'ont pas réussi à étendre la grève, mais celle-ci était vue d'un bon oeil dans des ateliers à l'arrêt où l'on tapait le carton et regardait des films sur les ordinateurs portables. Minoritaires depuis le début, ils ont finalement décidé vendredi 14 la reprise du travail, d'autant que leur nombre allait s'effilochant. La reprise s'est faite ensemble, avec un moral intact, après un feu d'artifice devant l'usine vendredi 14 octobre au soir.

Les grévistes ont le sentiment justifié d'avoir remporté un succès, même si ce qui a été obtenu est loin des revendications initiales et de ce qui serait nécessaire, c'est-à-dire une véritable augmentation du salaire de base.

Bien sûr, le problème des salaires reste posé et il faudra imposer une augmentation sur le salaire fixe. Car si les revenus annuels des travailleurs de la Sovab ont baissé ces dernières années, c'est justement parce que la prime, aléatoire par définition, a baissé de façon importante.

« Je ne m'attendais pas à un mouvement aussi dur », s'est plaint dans la presse le directeur d'usine. Le voilà donc prévenu. Et les grévistes comptent bien reposer le problème des salaires avec la conscience et l'expérience qu'il est possible de faire reculer Renault.

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