Le changement ne viendra pas d'en haut19/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2255.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le changement ne viendra pas d'en haut

François Hollande sera donc le candidat du Parti socialiste à la prochaine élection présidentielle. Ceux qui ont voté aux primaires socialistes l'ont préféré à Martine Aubry. Bien malin celui qui pourrait dire en fonction de quels critères, tant les discours politiques des deux candidats se ressemblent. Ils se veulent tous les deux des candidats « raisonnables », ce qui signifie, en clair, responsables devant la bourgeoisie, le grand patronat, la classe privilégiée.

Aucun engagement envers les travailleurs, aucun engagement contre les licenciements, aucune promesse sur les salaires. Même le rétablissement de la retraite à 60 ans n'est promis par Hollande qu'à condition d'avoir cotisé pendant plus de 41 ans. Autant dire que cette condition vide de tout contenu le retour à 60 ans de l'âge de la retraite et ne concerne qu'une toute petite minorité de salariés.

Le seul engagement de Hollande concerne le remboursement de la dette que les classes riches ont creusée dans les caisses de l'État, pour payer une crise dont les capitalistes seuls sont responsables. Cela signifie de nouveaux sacrifices pour les classes populaires.

Histoire de montrer qu'ils sont de gauche, Hollande comme Aubry ont eu quelques phrases contre les banques -- mais les phrases de ce genre ne coûtent rien, même Sarkozy en a prononcé.

Bien que Hollande se soit présenté comme un « homme neuf » parce qu'il n'a jamais été ministre, depuis le début de sa carrière politique en 1981 comme chargé de mission de Mitterrand à l'Élysée, il a toujours été dans les hautes sphères du Parti socialiste. Sous Mitterrand et encore plus sous Jospin où il devint premier secrétaire du Parti socialiste, il a été associé à tous les reniements de la gauche au gouvernement, à tous les coups bas contre les salariés.

Pendant le premier tour des élections primaires socialistes, il y a eu quelques nuances entre les discours des six candidats. Elles ont permis à Montebourg de se faire une réputation plus à gauche que ses concurrents. Cela lui sera utile, peut-être, pour sa future carrière politique. Mais tous se retrouvent aujourd'hui derrière Hollande. Il est le candidat désormais officiel d'un parti qui trouve l'essentiel de son électorat du côté des salariés mais qui, au gouvernement, mène une politique tout aussi conforme aux intérêts du grand patronat, des banquiers, de la bourgeoisie, que celle des hommes de droite.

Il est loin aujourd'hui le temps où cette gauche pouvait prendre quelques mesures qui la distinguaient de la droite, mesures généralement mineures et en tout cas ne lésant pas les intérêts du grand patronat. Avec l'aggravation de la crise, le grand patronat ne peut maintenir et augmenter ses profits qu'en réduisant la part des salariés. Il mène contre les salariés une guerre d'autant plus résolue que la crise s'aggrave.

Il en est ainsi dans les entreprises, avec les salaires bloqués les licenciements ou les suppressions d'emplois, se traduisant par le chômage pour les uns et par l'aggravation de l'exploitation pour les autres.

Il en est ainsi au niveau de l'État, où le remboursement de la dette est le prétexte pour s'en prendre à la retraite, à l'assurance maladie, aux mutuelles, pour supprimer des emplois dans l'enseignement, dans la santé, dans le secteur public, pour affaiblir ce qui, dans les services publics, est utile aux classes populaires.

Pour arrêter tout cela, il faut une politique contraignante, avec la ferme volonté de faire payer la crise par ceux qui en sont responsables : le grand patronat et les banquiers. Ce n'est pas du tout l'intention du Parti socialiste.

Alors, même si l'élection présidentielle de 2012 aboutit à l'alternance entre présidents, ce ne sera pas une alternance dans la politique. La gravité des mesures prises contre les exploités ne dépendra pas du tout de l'étiquette de celui qui occupera l'Élysée, mais de la gravité de la crise et des exigences du grand patronat.

Si les travailleurs ont toutes les raisons d'exécrer Sarkozy, ils n'en ont aucune de faire confiance à Hollande. Les changements favorables aux exploités ne peuvent venir que de la pression d'en bas, des luttes à la mesure des attaques dont ils sont l'objet. Souvenons-nous-en : Sarkozy ou Hollande, nous aurons à lui imposer par les grèves, par la rue, par des occupations d'usines nos exigences vitales, la préservation de notre emploi et des salaires corrects, protégés contre les hausses de prix.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 17 octobre

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