Continental -- Clairoix (Oise) : 700 salariés devant les Prud'hommes ; encore une fois dire non à la fermeture et aux licenciements19/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2255.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental -- Clairoix (Oise) : 700 salariés devant les Prud'hommes ; encore une fois dire non à la fermeture et aux licenciements

Mardi 18 octobre, 525 salariés de Continental étaient convoqués devant le conseil des prud'hommes de Compiègne. Ils demandent en effet réparation pour la fermeture de l'usine de Clairoix, annoncée en mars 2009, et les 1 113 licenciements qu'elle a entraînés. Avec d'autres, au total ce sont 700 ex-salariés qui poursuivent leur ex-patron, le groupe Continental AG, demandant que ce dernier soit condamné pour avoir provoqué ce désastre humain et économique.

Si ces licenciements étaient jugés comme n'ayant pas de « causes réelles et sérieuses », c'est-à-dire, selon les critères reconnus par la justice, si « la raison économique » des licenciements était remise en cause, les salariés toucheraient alors des dommages et intérêts. Les lois en vigueur et l'appareil judiciaire étant ce qu'ils sont, on ne peut évidemment dire ce que sera l'issue du procès, ni le temps qu'il prendra. Mais dans ce procès il y a d'abord la volonté des travailleurs de forcer le Groupe Continental à rendre des comptes pour avoir décidé de rayer d'un trait de plume, du jour au lendemain, l'usine et tous les salariés qui y travaillaient. Car deux ans et demi après son annonce, les travailleurs n'ont toujours pas digéré ce mauvais coup, et pour cause.

Le groupe Continental, avec ses 150 000 salariés, est un des grands constructeurs mondiaux de pneus. Au moment de l'annonce de la fermeture de Clairoix, son activité pneumatique était la plus rentable du monde. La division pneu tourisme réalisait un taux de rentabilité de 17 %, qui faisait pâlir d'envie tous les autres constructeurs. Mais il fallait encore plus de profits et vite. Car le groupe venait d'être racheté par la famille Schaeffler, dont le groupe était vingt fois plus petit, à travers une opération boursière soutenue par les banques en pariant sur la hausse des cours des actions... juste avant l'effondrement boursier de la fin 2008. Bien sûr l'opération consistant à fermer une usine pour augmenter les taux de rentabilité n'était pas inconnue chez Continental. Mais là il s'agissait, sur la peau des salariés, de faire remonter le plus vite possible le cours des actions pour financer le coup de Bourse d'une grande famille bourgeoise.

Quant aux pneus auparavant produits par les ouvriers de Clairoix, le groupe les a fait produire en demandant des efforts à ceux des autres usines, en commençant par ceux de Sarreguemines en Moselle, à qui, malgré des résistances, la direction a fini par imposer de travailler 10 % de plus sans être payés.

Les travailleurs de Continental ont répondu à ce coup de force par la lutte et imposé la reconnaissance de leur dignité. Cela a été une lutte opiniâtre, profondément démocratique, rythmée par les assemblées générales et conduites jusqu'à aujourd'hui par le comité de lutte. Et aujourd'hui les travailleurs restent mobilisés, encore présents en nombre dans toutes les manifestations.

L'objectif est d'obtenir de Continental et aussi de l'État le maximum de reclassements et la protection garantie des plus anciens. Au-delà du maintien du contrat de travail qui est en vigueur jusqu'au 1er janvier 2012, la prolongation de six mois de la cellule de reclassement et de certains autres aménagements vient d'être obtenue. Il reste plus de 400 personnes à reclasser. Mais au-delà de toutes les procédures judiciaires, ce qui est acquis, c'est cette profonde solidarité ouvrière, la fierté du combat mené et la conscience qu'il faudra bien entreprendre demain, avec toute la classe ouvrière, les luttes permettant de mettre fin à la dictature patronale.

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