Tunisie : « Images sataniques » et démagogie réactionnaire12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : « Images sataniques » et démagogie réactionnaire

Une chaîne privée de télévision a diffusé en Tunisie, vendredi 7 octobre, le film d'animation de Marjane Satrapi qui relate son enfance dans un Iran écrasé par la dictature de Khomeiny, primé au festival de Cannes en 2007.

Certaines images du film auraient provoqué l'ire de téléspectateurs islamistes extrémistes. Non pas les dessins représentant l'effroi bien légitime d'une gamine encadrée par deux inquiétantes mégères en tchador, mais une séquence représentant dieu sous les traits d'un brave vieillard barbu, scène jugée blasphématoire.

Après des menaces de mort et des appels à brûler la chaîne postés sur les réseaux sociaux, quelque deux cents manifestants se sont rassemblés à Tunis devant ses locaux, avant d'être dispersés par la police.

Le président de la chaîne privée, parfaitement commerciale et qui avait donc diffusé le film en version doublée en arabe tunisien, s'est étonné de ce qu'un film auparavant déjà projeté dans des salles du pays sans provoquer de réactions donne lieu à une telle agitation. Il ne s'en est pas moins senti obligé de présenter des excuses « auprès des Tunisiens », ainsi que le lui a suggéré un journaliste de Radio Monastir.

Au-delà de quelques militants salafistes, un groupe d'avocats a porté plainte contre la chaîne, accusée d'avoir « porté atteinte aux valeurs du sacré ». Le gouvernement provisoire tunisien s'est d'ailleurs emparé de l'occasion pour entonner le même refrain.

À l'approche des élections de fin octobre, la surenchère va bon train autour des thèmes islamistes. On ne peut en conclure que ceux-ci mordent vraiment sur l'opinion publique, mais on voit par quel obscurantisme réactionnaire certains voudraient répondre aux revendications de la population pauvre.

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