La faillite de Dexia épongée avec l'argent des contribuables12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La faillite de Dexia épongée avec l'argent des contribuables

C'est dans l'urgence, en raison du risque de faillite imminente, que le plan de démantèlement de la banque Dexia a été adopté lundi 11 octobre, dans la nuit, après, selon la presse, « cinq jours d'âpres négociations » entre les gouvernements français, belge et luxembourgeois.

En 2008, déjà, ceux-ci avaient dû intervenir pour « sauver » la banque de la faillite. L'État belge avait alors injecté trois milliards d'euros, l'État français et la Caisse des dépôts, établissement public, trois milliards également, et l'État luxembourgeois 376 millions d'euros. En pure perte. Trois ans après, pour éviter la faillite -- en fait pour l'étaler dans le temps -- les trois États ont décidé de démanteler la banque.

Dexia Banque Belgique, l'une des premières banques de dépôt du pays, sera nationalisé, en fait racheté par l'État belge, pour 4 milliards d'euros. Les filiales susceptibles de trouver acquéreur seront vendues.

Pour poursuivre l'activité de financement des collectivités locales, spécialité de la branche française de l'établissement, une nouvelle structure sera créée en commun par la Caisse des dépôts et La Banque postale.

Quant au stock de plus de 70 milliards de prêts aux collectivités locales existant, l'accord entre les gouvernements a prévu de le transférer -- en fait de le vendre -- à la Caisse des dépôts. Mais les dirigeants de cette dernière font de la résistance et rien n'est encore acquis. Car il s'agit d'un cadeau empoisonné. Sur ces 70 milliards, 20 milliards correspondent à des prêts dits « toxiques ». Contestés devant les tribunaux par les collectivités locales qui en ont été victimes, ils risquent de se traduire pour la Caisse par des pertes importantes.

Enfin, une « structure de défaisance » serait créée, autrement dit une « banque poubelle » dans laquelle serait logé tout ce qui, dans ce que possède la banque, est « toxique », c'est-à-dire invendable ou risqué, et qui l'a conduite aujourd'hui à la faillite. Il y en aurait pour environ 100 milliards. Pour lui permettre de se financer, cette structure bénéficiera, à hauteur de 90 milliards d'euros, de la garantie de l'État belge (pour 54 milliards d'euros), de l'État français (pour 32,8 milliards), et de l'État luxembourgeois (pour 2,7 milliards). Le gouvernement français se targue aujourd'hui de ce que l'opération de sauvetage ne coûte rien au budget de l'État. Il ose même prétendre qu'elle pourrait lui rapporter, dans la mesure où la structure qui en bénéficiera devra rémunérer sa garantie. On connaît la chanson. Ce sont les États -- et leurs contribuables, belges, français, luxembourgeois -- qui assument tous les risques de l'opération et qui devront donc éponger, au bout du compte, toutes les pertes.

Présentant le plan de démantèlement de Dexia, François Baroin, ministre de l'Économie, a expliqué qu'il s'agissait d'un « cas particulier ». Les autres banques françaises ne pouvaient pas connaître le même sort : n'avaient-elle pas passé, avec succès, les tests de solidité, dits stress-tests ? S'il voulait être rassurant, c'est raté. Dexia avait lui aussi réussi ces tests en juillet dernier, il y a trois mois, « brillamment » même, comme l'expliquait alors la presse, juste avant de faire faillite.

Il n'y a aucune raison que ce soient les contribuables, belges, français ou luxembourgeois, qui payent la note. Ni pour le naufrage de Dexia, ni pour la faillite, le renflouement ou la recapitalisation des autres banques. Car c'est cela qui se prépare.

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