Freescale -- Toulouse : Une fermeture d'usine menée en pleine opacité12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Freescale -- Toulouse : Une fermeture d'usine menée en pleine opacité

Début 2009, la direction de Freescale annonçait sa décision de fermer en 2011 l'usine de Toulouse, qui compte plus de 800 travailleurs en production. Trente mois après, celle-ci fonctionne toujours à pleine capacité.

À l'époque, la direction n'avait pas de mots assez durs pour justifier sa décision : produits obsolètes, coûts de revient prohibitifs, commandes irrémédiablement en baisse... Certes, elle avait prévenu que l'annonce de la fermeture et l'arrêt de certaines productions imposeraient de réaliser des stocks. Alors que la date officielle de la fermeture se rapproche, il y a à ce jour près de 500 intérimaires recrutés pour faire face à la demande.

Le plan de fermeture, appelé plan de sauvegarde de l'emploi, mis en place début 2010, prévoyait que la fin d'activité n'aurait pas lieu avant mai 2011, mais l'échéance a été repoussée une première fois à octobre 2011, puis une nouvelle fois à début 2012.

Si la direction n'entend pas revenir sur sa décision de fermer l'usine et de licencier 821 travailleurs, auxquels s'ajouteront les 500 intérimaires en fin de mission, chaque jour de plus démontre que les motifs invoqués n'étaient que des prétextes. Cette fermeture n'est justifiée que par la volonté des fonds d'investissement qui ont racheté Freescale, d'augmenter sa rentabilité. Sur les six sites de production Freescale encore en activité en 2009, seuls les trois sites situés aux États-Unis seraient conservés en 2012.

Ces reports successifs placent les travailleurs de l'usine de Toulouse dans une incertitude permanente, ballotés entre le désir de voir l'attente finir et le souhait de conserver cet emploi le plus longtemps possible avant d'être jetés à la rue.

Du côté des reclassements, la direction affirme toujours son engagement d'« accompagner » chacun des travailleurs dont le poste va être supprimé jusqu'à ce qu'il trouve un nouveau CDI à l'extérieur. Comme toujours dans ces situations, les engagements patronaux sont du vent. Avec plus de deux ans de recul, on peut faire un bilan des reclassements. Au 16 septembre 2011, aux dires de la direction, seuls 99 travailleurs auraient retrouvé un CDI, 60 seraient partis avec un CDD d'au moins six mois et 43 se seraient mis à leur compte.

Si beaucoup ont accepté de suivre des formations, la plupart ont dû revenir travailler à Freescale à l'issue de celles-ci, en constatant qu'il y a pas d'embauche si ce n'est sous forme de missions d'intérim payées au smic.

Dans ce contexte d'exaspération, la direction est bien avisée de ne pas trop faire pression sur les embauchés pour qu'ils retrouvent leur rythme de production d'avant l'annonce de la fermeture. Par contre elle fait travailler les intérimaires sans ménagement, n'hésitant pas à les menacer pour un oui ou pour un non de ne pas leur verser leur indemnité de fin de mission, ou à leur faire envoyer des lettres d'avertissement pour des motifs bénins comme le non-respect des temps de pause.

La situation reste tendue et des maladresses ou des provocations de la maîtrise pourraient se traduire par des réactions d'exaspération ou de colère. Le niveau des indemnités a été fixé en 2009, au terme des cinq semaines de grève, à deux fois les indemnités conventionnelles plus 15 000 euros ou 25 000 euros selon que le salarié part avant ou après la notification du licenciement, avec un plancher de 40 000 euros pour les moins de vingt ans d'ancienneté et 50 000 euros pour les plus de vingt ans d'ancienneté. Mais ce niveau devient de plus en plus visiblement insuffisant au fur et à mesure que la crise s'approfondit avec toutes ses conséquences.

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