Endettement des villes : Une manne pour les banques12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Endettement des villes : Une manne pour les banques

À l'approche du vote du nouvel exercice budgétaire des collectivités locales, les communes les plus endettées tirent le signal d'alarme et certaines se retournent contre les banques auprès desquelles elles se sont endettées.

En effet leur endettement a connu une progression fulgurante, à l'image d'une petite commune près de Saint-Étienne, Unieux, qui a vu le taux d'intérêt d'un emprunt de 4,7 millions d'euros passer de 3,68 % à 24,28 %. Pour les maires de telles communes, c'est alors la quadrature du cercle : ils ont le choix entre augmenter brutalement les impôts, dans les limites que leur laisse le législateur, ou bien de fermer des services publics. Et pour les petites communes ce sont bien souvent les écoles !

D'où vient ce surendettement faramineux ? Le gouvernement accuse les collectivités locales de négligence, de manque de discernement. D'après lui, elles vivent au-dessus de leurs moyens. C'est oublier que le principal responsable du tarissement de leurs finances est l'État lui-même ! En supprimant la taxe professionnelle, en diminuant chaque année les subventions apportées aux associations, en se désengageant de nombre de ses missions, l'État accroît les dépenses à la charge des communes. Mais le gouvernement se garde bien de désigner les bénéficiaires et les coupables de l'envolée des taux d'intérêt, autrement dit les banques !

Ce sont les banquiers eux-mêmes qui ont « conseillé » aux maires des produits financiers qui pouvaient paraître alléchants : le taux était bloqué les trois premières années autour de 3 % -- et parfois même 0 % -- et ne devenait variable qu'à l'issue de cette période. Les banquiers ont garanti aux communes que la variation de ces emprunts serait raisonnable. L'opacité de tels produits n'a pas permis aux maires et mêmes aux comptables de ces mairies de discerner le piège, car ces emprunts étaient indexés pour la plupart soit sur le yen soit sur le franc suisse. Mais, avec la chute de l'euro, les taux d'intérêt pour ces collectivités ont gonflé de 20 à 30 %.

Qui s'est enrichi de cette spéculation, sinon les banques et leurs actionnaires ? La principale d'entre elles en France n'est autre que Dexia qui jouissait de la confiance de nombreuses communes puisque c'était la banque de référence pour les collectivités territoriales. À elle seule, elle serait responsable du surendettement de 5 500 communes ! Le gouvernement fait la morale aux collectivités locales et feint de voler à leur secours en débloquant trois milliards d'euros, qu'il prend sur les dépôts du livret A. Cela revient à mettre un peu d'huile dans les rouages pour qu'elles continuent à rembourser les banquiers à des taux quasiment usuraires. Et sur le fond, cela ne règle rien. Le livret A finance normalement la construction du logement social qui est déjà insuffisante. Ce sera donc un nouveau manque à gagner pour cet autre poste budgétaire.

Depuis 2008, on nous a dit et on nous a répété que les banques en place seraient nécessaires au bon fonctionnement de l'économie. Il n'en est rien, elles la détruisent pour engraisser leurs actionnaires.

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