Projet de budget 2012 : Faire payer les pauvres07/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2253.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de budget 2012 : Faire payer les pauvres

D'après le ministre des Finances, le pays doit payer ses dettes et le projet de budget 2012 présenté le 28 septembre est prévu pour ce faire. Ni lui, ni sa collègue du Budget n'ont bien entendu rappelé que cette monstrueuse dette de 1 500 milliards d'euros a été creusée exclusivement pour maintenir les profits des grands groupes capitalistes.

Pas plus qu'ils n'ont expliqué que les intérêts de la dette, qui se montent à 50 milliards d'euros par an, sont une véritable rente versée aux grandes banques, à leurs actionnaires et aux particuliers assez riches pour prêter de l'argent à l'État. Non, ils n'ont parlé que des moyens envisagés pour que cette rente, devenue le premier poste de dépenses de l'État, continue à être versée.

Pour avoir de nouvelles recettes, le budget prévoit que l'État augmentera les impôts. Il y aura par exemple pour un milliard de taxes à la consommation supplémentaires (sur le tabac, les alcools, les sodas), insensibles pour les gens fortunés mais qui grèveront un peu plus les budgets populaires. L'impôt sur les hauts revenus est en revanche un geste purement publicitaire. C'est une taxe exceptionnelle de 3 % perçue sur la tranche de revenus au-delà de 500 000 euros annuels pour un individu, un million pour un couple. Elle rapporterait 300 millions d'euros par an, le tiers de ce que le projet de budget propose de voler aux mutuelles indispensables aux travailleurs, le sixième de ce que l'État a offert aux plus riches en juillet dernier en diminuant l'impôt sur la fortune.

Parmi les centaines de façons légales proposées aux riches pour diminuer leurs impôts, quelques-unes seront certes supprimées. Mais avant même que le budget ne soit voté, les journaux destinés à cette clientèle lui indiquent déjà comment elle peut « réorienter ses placements » afin de ne pas payer plus. De même les quelques mesures fiscales concernant les entreprises n'écorneront certainement pas leur trésorerie, et encore moins leurs profits : elles ont reçu le soutien plein et entier du Medef !

Les économies budgétaires proposées reposent encore plus exclusivement sur la population travailleuse que les nouveaux impôts. Il y a d'abord la suppression de 30 400 postes de fonctionnaires supplémentaires, dont 14 000 pour la seule Éducation nationale. Au total, ce gouvernement aura supprimé 150 000 postes dans les fonctions publiques en cinq ans, réduisant à la fois le nombre d'emplois proposés aux travailleurs et la qualité des services publics. Il y a la réduction des budgets sociaux, en particulier la fin des aides à l'emploi et la diminution des subventions aux associations. Il y a aussi le gel des reversements aux collectivités territoriales. Or ce sont ces dernières qui, de plus en plus, doivent assumer les dépenses sociales ou d'intérêt général dont l'État s'est déchargé.

Une dépense est pourtant revue à la hausse : le budget militaire augmente de 1,59 %, alors même que les effectifs de l'armée baissent de 7 462 personnes. Les marchands de canons savent les raisons de cet apparent paradoxe...

L'État ne se borne pas à être l'organisateur de l'économie capitaliste, le pourvoyeur et le défenseur des profits. Il devient en outre de plus en plus l'instrument de l'appauvrissement des classes populaires au profit des classes dirigeantes.

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