France Télécom : Comment spéculer sans payer d'impôt28/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2252.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Comment spéculer sans payer d'impôt

Le fisc réclame 1,7 milliard d'euros à France Télécom, ce que conteste cette société qui estime pouvoir bénéficier d'une prescription car la demande qui lui est faite serait trop tardive. Même si, France Télécom était obligé de s'exécuter, cela ne mettra pas pour autant ses actionnaires sur la paille, eux qui ont touché cette année 3,65 milliards d'euros.

Cette histoire remonte à la fin des années 90, quand la spéculation financière s'était portée sur le développement d'Internet et des réseaux de téléphone mobile : ce qu'on a appelé la « bulle Internet ». France Télécom, dont la privatisation venait d'être engagée par le gouvernement socialiste, se plaça au premier rang des spéculateurs en achetant plusieurs sociétés, parmi lesquelles la société britannique Orange, à des prix faramineux, en escomptant que leur valeur continue ensuite à grimper. Ces acquisitions étaient faites à travers une filiale, Cogecom, société de participation dans laquelle France Télécom a « logé » par la suite une partie de ses profits. Quand Cogecom a été dissoute dans France Télécom en 2005, un bénéfice de 11,5 milliards d'euros est apparu, que France Télécom a soustrait au fisc jusqu'à aujourd'hui.

Ce redressement fiscal est la seule chose qui soit réclamée à France Télécom. Ses actionnaires ont pourtant bénéficié d'un autre cadeau, d'une ampleur encore plus considérable, et parfaitement légal : ils n'ont pas eu à supporter d'impôt sur les sociétés entre 2000 et 2010 ! Tout a commencé en mars 2000, quand la « bulle Internet » a fini par éclater. La valeur des acquisitions de France Télécom des années précédentes s'étant effondrée, elle entraîna une perte colossale de 29 milliards d'euros au total pour 2001 et 2002. À coups de suppressions d'emplois, la société, lourdement endettée, a ensuite redressé ses comptes et est redevenue largement bénéficiaire. Et pourtant, la période de vaches grasses revenue, l'État a continué à dispenser France Télécom de l'impôt sur les sociétés. Pensez-donc, les actionnaires avaient été tellement malheureux quand la spéculation s'est effondrée que l'État leur a offert une longue convalescence...

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