Espagne : Le gouvernement de Zapatero met les bouchées doubles contre les travailleurs28/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2252.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Le gouvernement de Zapatero met les bouchées doubles contre les travailleurs

Plus les élections de novembre approchent, plus le gouvernement socialiste de Zapatero s'empresse de boucler un certain nombre de réformes. Pas toutes ! Et pas une seule qui pourrait contribuer à défendre les intérêts des classes populaires dans cette période de crise. Pas une seule qui viserait à limiter l'arrogance des dirigeants de la droite, que l'on donne gagnante à ces élections.

Il serait trop tard, ont fait savoir les dirigeants du PSOE, pour décider ces grandes réformes qu'ils ont toujours remises au lendemain, comme celle touchant la laïcité par exemple, c'est-à-dire celles qui ont suscité une levée de boucliers de la droite conservatrice et de l'Église.

En revanche, ces mêmes dirigeants ont su faire très vite quand il s'est agi d'introduire « la règle d'or budgétaire » dans la Constitution, une réforme dont le seul but est de constitutionnaliser les mesures d'austérité qui vont être prises pendant les deux mois à venir par le gouvernement en place, ensuite par celui qui lui succédera.

Mais le plus grave est sans doute que le gouvernement multiplie les mesures qui faciliteront les licenciements, l'emploi précaire et les bas salaires dans un pays où le chômage touche plus de 20 % de la population active, et atteint des taux record parmi les jeunes. Il multiplie les mesures liées à une réforme du droit du travail.

Ainsi, sous prétexte de développer l'emploi des jeunes (46 % de chômage pour les moins de 25 ans ), cette mesure contribue à généraliser davantage les contrats dits de « formation », payés comme des temps partiels, avec des salaires bas. Alors que l'âge maximum pour être embauché avec ce type de contrat de misère était jusqu'à présent 25 ans, il sera repoussé à 30 ans ! Sous prétexte de favoriser la formation, ce sera toujours plus de précarité et de bas salaires, puisque le salarié sera payé sur la base du salaire minimum interprofessionnel, soit 641 euros, proportionnellement au temps de travail, au maximum 75 % de ce salaire, puisqu'il s'agirait d'un emploi-formation. Et le plus souvent beaucoup moins !

Autre innovation : le gouvernement socialiste, qui en 2006 avait établi qu'au bout de deux ans d'emplois à contrat à durée déterminée, ou après quatre CDD, le salarié devait être embauché en fixe, vient de faire sauter ces verrous. Les patrons peuvent donc dorénavant user et abuser des emplois précaires autant qu'ils veulent, sous prétexte que la précarité vaut mieux que le chômage. Voilà les cadeaux empoisonnés de dirigeants de gauche au pouvoir, décidés à servir jusqu'au bout les intérêts des capitalistes et des banquiers.

L'opposition de droite critique encore l'insuffisance de ces mesures antiouvrières. Elle espère que la déception des classes populaires due à la politique de dirigeants socialistes profitera au PP (Parti populaire) dont Mariano Rajoy est le chef de file. Pour ces politiciens ouvertement antiouvriers les réformes d'aujourd'hui décidées par les socialistes sont autant de brèches ouvertes qui leur faciliteront les attaques antiouvrières de demain. C'est ainsi que lors du vote de la réforme concernant l'emploi temporaire, les députés du PP qui dénonçaient la mollesse du PSOE ont choisi l'abstention plutôt qu'un vote contre, permettant ainsi que le décret pris cet été soit validé par le Parlement.

Les travailleurs espagnols sont en train de payer de plus en plus durement une crise dont ils ne sont pas responsables. Il n'y a rien de plus légitime que de s'en indigner. Mais pour faire payer les responsables, l'indignation doit se transformer en une lutte consciente des travailleurs pour la défense de leurs intérêts fondamentaux.

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