Défiance envers les banques : Le boomerang de la spéculation28/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2252.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Défiance envers les banques : Le boomerang de la spéculation

Alors que les valeurs en Bourse du Crédit agricole, de la Société générale et de la BNP ont chuté de plus de moitié depuis juillet, la Banque de France, l'Élysée et le ministère des Finances ont démenti avoir soumis aux cinq principales banques françaises un plan pour les renflouer à hauteur de dix à quinze milliards d'euros.

Ils craignaient, à l'évidence, d'alimenter la crise de confiance à l'égard des banques. Mais ces déclarations à répétition sur leur bonne santé financière, au lieu de rassurer, alimentent plutôt « la spirale de la peur », selon l'expression du PDG de la Société générale.

Ces banques françaises n'ont pas été les dernières à pratiquer des taux d'intérêt usuraires sur la dette des États, grec et italien notamment. Depuis quelques semaines, cette spéculation s'est retournée contre les banques prêteuses, du simple fait qu'elles risquaient d'être touchées par le défaut de paiement des États dont elles sont les créancières.

Ainsi, le 14 septembre, la presse financière révélait que la société Siemens avait retiré, quelques semaines ou quelques mois plus tôt, une partie de ses liquidités (500 millions sur 4 à 6 milliards d'euros) de la Société générale pour les mettre sur un compte à la Banque centrale européenne (BCE), bien que ce placement lui rapporte un intérêt un tout petit peu moins élevé. Plus récemment, le directeur financier du trust pétrolier Total a décidé de déposer à l'abri, à la Banque de France, quelques-uns des 20 milliards de liquidités dont il dispose. C'est plus sûr, déclare en substance le même directeur financier, qui explique : « On a réduit notre exposition aux banques en réduisant nos encours », ce qui ne l'empêche pas de se déclarer tout à fait confiant dans la solidité des banques françaises !

Ces démarches expriment de fait la défiance envers les banques françaises et même l'accentuent, d'autant plus que, au même moment, on apprend que les fonds de pension américains qui avaient placé une partie de leur argent dans les banques françaises en ont retiré un tiers depuis fin mai.

Le ministre des Finances, Baroin, s'est empressé de faire une tournée des banques américaines pour tenter de les rassurer en expliquant que les banques françaises vont tellement bien qu'elles n'ont même pas besoin d'être aidées. Mais Christine Lagarde, directeur du FMI, avait appelé quelques jours plus tôt les États européens, dont la France, à « recapitaliser » « ses » banques à hauteur de 200 milliards d'euros.

Pendant que les financiers et toutes les bourgeoisies jonglent avec les milliards sous la haute protection des États, les travailleurs, eux, doivent se préparer à défendre leurs emplois et leur pouvoir d'achat.

Partager