Allemagne - retraites : Si c'est cela l'avenir !28/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2252.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne - retraites : Si c'est cela l'avenir !

Le recul de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans est à peine entré en vigueur que déjà les hommes politiques parlent d'aggraver encore la situation. Pour Fillon, il faudrait aller vers « un âge de départ en retraite commun » avec l'Allemagne : 67 ans.

Pendant ce temps-là, en Allemagne, on répète à la population qu'elle doit accepter de gros reculs sur les retraites parce que la démographie allemande est catastrophique : rendez-vous compte, les femmes ne font plus assez d'enfants, le vieillissement de la population est terrible ! Et les hommes politiques allemands prennent alors la France comme modèle : en France pas de problème, il y a plein de bébés et de jeunes...

Mais si la situation allemande est l'avenir qui intéresse Fillon, elle vaut la peine d'y regarder un peu, et ce n'est pas très engageant. À partir de 2012, l'âge de départ en retraite, qui est aujourd'hui fixé à 65 ans en Allemagne (pour tous, femmes et hommes), augmentera progressivement pour passer à 67 ans en 2029. C'est le résultat d'une attaque contre le monde du travail menée en 2007 par un gouvernement de coalition CDU-SPD (droite et sociaux-démocrates ensemble).

Quels ont été les effets concrets de cette mesure depuis 2007 ? D'abord, augmentation ou non de l'âge de la retraite, les employeurs ne gardent pas les salariés au-delà d'un certain âge. En 2007 déjà, moins d'un tiers des nouveaux retraités avaient occupé un emploi durant les trois années précédant leur départ à la retraite ; c'est dire que beaucoup d'autres avaient connu le chômage. Et les choses se sont dégradées depuis. C'est-à-dire que ces travailleurs ne sont pas restés plus longtemps au travail, mais plus longtemps... au chômage ; ensuite, quand enfin ils peuvent partir en retraite, c'est avec des pensions réduites d'autant. Aujourd'hui, 600 000 hommes et femmes doivent retourner au travail pour compléter leur maigre pension de retraite.

Le nombre de ceux qui partent avec une décote a explosé : 12 % des jeunes retraités avaient une retraite amputée par une décote en l'an 2000, mais en 2008 ils étaient déjà près de 60 %. C'est notamment le cas de tous ces travailleurs qui, après un licenciement, n'ont retrouvé que des boulots par intérim, ou à un euro de l'heure, ou encore ces mini-jobs à 400 euros par mois... Des mini-jobs où l'intérêt du patron est justement qu'il ne cotise pratiquement pas pour les retraites, creusant d'autant les déficits ; sur ce type de contrat, le salarié non plus ne cotise pas pour sa retraite (comment le pourrait-il, avec quelques centaines d'euros de salaire par mois ?) et partira avec d'autant moins...

Et puis, ce que Fillon n'a pas cité dans sa déclaration est ce rapport de l'OCDE du 6 septembre qui explique que l'Allemagne est lanterne rouge pour les retraites des salariés modestes et que des millions de personnes âgées ont un fort risque de plonger dans la misère. Dans le pays le plus riche d'Europe, le nombre de ceux qui ont passé leur vie à travailler mais, doivent toucher les minima sociaux à la retraite, est en augmentation.

Une organisation sociale qui n'offre aucune perspective de vivre correctement aux classes laborieuses, pas plus qu'à ses jeunes, et qui ne permet même pas à ses anciens, après une vie de travail, de connaître un peu de sérénité et des conditions de vie décentes, une telle société prouve qu'elle a fait son temps et ne mérite que de disparaître.

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