Seine-Saint-Denis : Les jeunes étrangers pris en tenaille entre le Conseil général et l'État07/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2249.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Seine-Saint-Denis : Les jeunes étrangers pris en tenaille entre le Conseil général et l'État

Le Conseil général de Seine-Saint-Denis, dirigé par le socialiste Claude Bartolone, a décidé de refuser depuis le début septembre de prendre en charge les mineurs étrangers sans famille, les renvoyant systématiquement vers la Protection judiciaire de la jeunesse.

Ces jeunes arrivent, poussés par la misère et la guerre, au mieux mis dans l'avion par leurs proches qui espèrent pour eux un avenir meilleur. La plupart de ces jeunes ont déjà connu des situations terribles : ce sont par exemple de très jeunes filles qui fuient un mariage forcé, parfois déjà enceintes, ou des enfants-soldats d'Afrique. Ils atterrissent à l'aéroport de Roissy, débarquent à Caen, à Marseille, où la plupart du temps ils ne connaissent personne. Ils seraient 6 000 à arriver en France chaque année.

En 2010, le seul département de Seine-Saint-Denis en a accueilli 943, alors qu'il n'en avait reçu que 181 en 2007. Cela s'explique par la proximité de l'aéroport de Roissy mais aussi du fait que les services de l'État les dirigent vers ce département.

Claude Bartolone justifie sa décision en disant que la charge financière de cet accueil s'élève à 35 millions d'euros, soit 20 % du budget de l'Aide sociale à l'enfance, et que le 93 déjà endetté ne peut supporter une telle dépense. Il a alerté à de nombreuses reprises l'État qui fait la sourde oreille, trop content de laisser les collectivités territoriales se démener avec des problèmes sociaux qui dépassent les moyens d'un seul département et devraient relever de l'État.

Même si Claude Bartolone prétend mettre ainsi l'État face à ses responsabilités, sa décision pénalise surtout des jeunes ou des enfants déjà fragilisés, d'autant que la Protection judiciaire de la Jeunesse, vers laquelle ces jeunes sont aujourd'hui renvoyés, refuse aussi de les prendre en charge. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans un pays qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas la langue. Alors bien sûr, si c'est la responsabilité de l'État de trouver une solution, la méthode choisie par Claude Bartolone est inacceptable. Au lieu d'appuyer la mobilisation des associations pour dénoncer cet état de fait, il laisse ces jeunes à la dérive.

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