Lille : Des cliniques de soins, ou de profit ?31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lille : Des cliniques de soins, ou de profit ?

Début juillet, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), qui chapeaute les établissements de santé du public comme du privé, convoquait le PDG du groupe Hôpital Privé Métropole (HPM), qui regroupe neuf cliniques autour de la métropole lilloise. Une démarche inhabituelle, soulignait la presse.

Effectivement, la direction d'HPM se préparait à fermer une de ses cliniques et à réorganiser les activités de plusieurs autres, pour regrouper les spécialités et faire des « économies d'échelle », comme l'expliquait déjà il y a quatre ans le directeur général du groupe lorsque HPM a été créé. Les gestionnaires d'HPM et les neuf médecins actionnaires venaient d'annoncer leurs restructurations, sans prévenir ni demander l'avis de quiconque, ni de l'ARS, ni des maires des communes concernées, et encore moins bien sûr du personnel soignant.

Finalement les réorganisations seront suspendues en attendant notamment que l'ARS étudie « leur impact sur l'offre de soins et sur la satisfaction des besoins des patients sur le territoire de la métropole lilloise », ce qui est la moindre des choses, mais n'était manifestement pas la préoccupation prioritaire des dirigeants d'HPM.

C'est qu'avec un bénéfice net de 1,5 million d'euros en 2010 et autant de cash dans les caisses, ces cliniques sont très rentables. Mais pourquoi ne pas en tirer encore plus de profit ? Quitte à faire déplacer les patients sur de plus longues distances.

Mais c'est d'abord le personnel qui supporte les conséquences de cette course aux profits, avec des salaires misérables et des cadences infernales. C'est pour cela qu'une large majorité du personnel de la clinique du Croisé Laroche (210 salariés) a fait neuf jours de grève à la mi-mai, demandant 8 % d'augmentation, ramenés à 4 % lors des tentatives de négociations sous la direction de la CFDT. Les grévistes ont rendu public le fait qu'un quart du personnel gagne moins de 1 000 euros par mois, y compris en travaillant les week-ends, malgré toutes les responsabilités qu'ils ont autour des malades. La grève a même menacé de s'étendre à d'autres cliniques du groupe, le personnel de l'une a fait une heure de débrayage.

Mais la direction a refusé de négocier, sous prétexte que ce n'était pas la période des négociations annuelles obligatoires (NAO) ! Et elle avançait que la clinique était en déficit et que ces augmentations pouvaient la conduire au dépôt de bilan ! Pourtant il a été révélé qu'elle verse annuellement 980 000 euros de prestation au groupe HPM ainsi que 3 % de son chiffre d'affaires. Les grévistes demandaient à juste titre de faire la transparence sur les comptes de l'établissement !

Ce groupe privé hospitalier n'est qu'un petit requin dans le monde de l'hospitalisation privée, qui s'adosse à l'hôpital public et à la Sécurité sociale, pour générer de confortables profits, en faisant payer de plus en plus de dépassements d'honoraires aux patients. Rendre publics les comptes de ces entreprises comme le demandaient des grévistes serait donc la moindre des choses. Et il serait bien évidemment plus juste que personne ne puisse faire de profit sur le dos des malades et des maladies, ni dans le domaine des soins, ni dans celui de la pharmacie.

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