Les réactions modérées des confédérations syndicales : Rassemblés dans une lutte commune, les travailleurs ont la force de changer la donne31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les réactions modérées des confédérations syndicales : Rassemblés dans une lutte commune, les travailleurs ont la force de changer la donne

Les confédérations syndicales, au moins une partie d'entre elles, devraient lancer une initiative début octobre, comme le propose la CGT. Mais Bernard Thibault reste très modeste dans ses propositions : « Nous nous prononçons pour que l'intersyndicale s'oriente sur l'organisation d'une journée de mobilisation interprofessionnelle au début octobre, avec l'organisation de manifestations et la mise en débat de grèves décidées dans les entreprises avec les salariés. »

Ce qui est donc proposé à tous, ce serait de simples manifestations... et la grève pour ceux qui la voudraient. Cette timidité ne risque certainement pas d'effrayer le pouvoir, ni le patronat, mais surtout n'est pas de nature à redonner confiance à la masse des travailleurs qui, eux, subissent semaine après semaine les coups qui tombent.

Pendant des mois, les dirigeants syndicaux sont restés silencieux face à l'offensive aggravée du patronat et du gouvernement. Et cette réserve, ne serait-ce que sur le plan des déclarations publiques, a renforcé la démoralisation ambiante et l'arrogance du camp d'en face. Pourtant il faut faire face et réagir !

Le monde du travail subit attaque sur attaque de la part du patronat et du gouvernement, en vue de faire payer aux travailleurs le maintien et l'augmentation des profits des grands groupes capitalistes et de toute la bourgeoisie.

Le patronat bien souvent ne se donne même plus la peine de tenter de justifier licenciements et suppressions d'emplois par de prétendues difficultés économiques. Les patrons annoncent froidement qu'ils vont licencier des centaines, voire des milliers de travailleurs, simplement pour s'assurer des marges plus fortes et distribuer ainsi de plus gros dividendes aux actionnaires. Les délocalisations peuvent se traduire par des transferts de fabrication à... quelques dizaines de kilomètres, où les travailleurs « sauvés » auront le droit dans leur usine de faire le travail de leurs camarades promis à la porte, avec des cadences augmentées. On en est à exiger, comme chez le gros sous-traitant automobile Montupet, une baisse du salaire mensuel de plus de 20 % au total, ou la porte en cas de refus, en s'appuyant pour ce faire sur une modification législative passée en douce par le gouvernement en 2005.

Quant au gouvernement, il organise la suppression massive des postes dans tous les services publics, bloque les salaires et supprime les crédits, qui vont entraîner à leur tour des pertes d'emplois. Sans parler de toutes les infamies auxquelles il se livre, supprimant des droits et diminuant des remboursements, infamies dont les premières victimes sont les milieux les plus démunis.

Il est clair que, face à une offensive d'une telle ampleur, il n'est pas possible de se contenter de simples escarmouches. Et il est encore plus fou de croire que cela pourra se résoudre par de « véritables discussions » autour d'une table avec les tenants de ces agressions, patronat comme gouvernement. Mais il est tout aussi illusoire d'attendre le salut d'un changement de gouvernement.

Ce qui est en jeu, c'est de préparer la contre-offensive du monde du travail qui pourra arracher les revendications capables de garantir la vie de la population travailleuse. Il s'agit d'abord de redonner confiance aux travailleurs dans leur force et dans leur capacité à mettre fin aux reculs incessants. Pour cela, il faut montrer le chemin qui permettra d'y arriver, et tout faire pour rassembler l'ensemble des travailleurs au maximum de ce qui est possible.

Une première journée de grèves et de manifestations, où tous les travailleurs, du public comme du privé, seraient appelés à joindre leur protestation, serait bien la moindre des choses après des mois d'attaques incessantes. Tout en étant conscient qu'une seule journée est loin de suffire, cela permettrait de se compter. Et ce pourrait être une première étape vers une véritable mobilisation.

Alors, bien sûr, ce n'est absolument pas la perspective de Thibault, Chérèque ou Mailly, qui sont surtout préoccupés « d'être associés aux prises de décisions », comme ils disent. Mais c'est l'affaire des travailleurs et de tous les militants syndicaux qui enragent de voir les reculs succéder aux reculs, en l'absence de réactions à la hauteur des enjeux. À eux de tout faire pour transformer les initiatives limitées qui vont être proposées en autre chose, en profitant de l'occasion pour défendre devant l'ensemble des travailleurs des revendications capables de garantir la vie de tous.

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