Renault Douai : L'usine a de l'avenir, paraît-il, mais pas les emplois !17/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2246.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Douai : L'usine a de l'avenir, paraît-il, mais pas les emplois !

Le 22 juillet, c'était le dernier jour de travail avant les congés à Renault Douai. Il y a eu de nombreux débrayages, très suivis. C'était une façon pour les travailleurs de montrer leur mécontentement.

En effet, en février 2011, Renault annonçait que Douai produirait des modèles supplémentaires à partir de 2014. Et les grands prévisionnistes de Renault, qui sont incapables de prévoir la production à une semaine, nous parlaient d'une production de 300 000 véhicules en 2014, au lieu de 170 000 actuellement !

Mais en matière d'emploi aucun engagement, au contraire.Renault a parlé de prendre des jeunes en alternance en 2014. Une bonne affaire en perspective pour le patron, car il ne s'agit pas de vraies embauches. De plus, Renault touchera des subventions publiques, une bonne partie des salaires ne sera pas à sa charge et l'entreprise sera exonérée de charges sociales, pour la remercier sans doute d'enseigner l'exploitation aux jeunes.

Aujourd'hui, il y a 5 300 salariés dans l'usine et il y en aurait 600 de trop selon le directeur, car la production est passée sur une seule chaîne au lieu de deux. Renault a lancé un plan de départs volontaires destiné aux plus anciens. Les plus de 58 ans de l'usine aimeraient partir, et on les comprend car ils sont usés par des années de production à la chaîne. Malgré cela, les volontaires ne sont pas si nombreux. Beaucoup ne se voient pas vivre avec seulement 75 % du salaire, comme le prévoit le plan patronal.

L'autre proposition du patron, c'est la mutation vers d'autres usines du groupe. Mais ce n'est pas non plus facile quand la famille vit près de Douai et qu'il faut partir à des dizaines ou même des centaines de kilomètres. Les conditions financières, là encore, ne sont pas à la hauteur.

Alors, puisque les volontaires ne sont pas assez nombreux, la direction multiplie les pressions. Des chantiers Kaïzen ont lieu en permanence. Il s'agit de pseudo-groupes de travail initiés par la direction, qui sont censés faire discuter les travailleurs sur l'organisation du travail et qui débouchent invariablement sur des suppressions de postes. Et quand un ouvrier est privé de son poste, il rentre dans une situation d'incertitude permanente. Certains se voient demander de chercher eux-mêmes un autre poste et un chef qui veut bien les prendre. D'autres se voient baladés ici ou là, renvoyés sans cesse d'un poste à l'autre.

Dans un secteur de cent travailleurs, le BDM (Bout de montage), la direction a annoncé juste avant les congés qu'à la reprise, le 22 août, ils ne seraient plus que cinquante. Elle n'a pas expliqué qui partait, qui restait, ni où iraient les cinquante mutés. Il fallait attendre la reprise pour le savoir... Les travailleurs ont répliqué en se réunissant et en se promettant mutuellement de ne pas prendre le travail à la rentrée avant d'avoir des réponses satisfaisantes pour chacun.

Renault veut la même production, mais avec moins de travailleurs. Au moment de la reprise, ce sera une question de rapport de forces entre le patron et les ouvriers.

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