« Stress tests » pour les banques : Pas de stress pour les spéculateurs20/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2242.gif.445x577_q85_box-0%2C6%2C164%2C218_crop_detail.png

Dans le monde

« Stress tests » pour les banques : Pas de stress pour les spéculateurs

Les résultats des « stress tests » effectués sur les banques européennes par un organisme officiel, l'Autorité bancaire européenne (ABE), ont été annoncés vendredi 15 juillet comme un grand succès devant prouver la solidité de la majorité des grandes banques européennes, avec seulement huit échecs sur les quatre-vingt-onze tests effectués. Mais dès le lendemain le ton était déjà moins optimiste et le lundi suivant une nouvelle chute de l'ensemble des valeurs cotées en Bourse se produisait.

Ces « stress tests », comme ils sont appelés, sont supposés simuler les effets d'une récession économique et tester la capacité des banques à couvrir leurs éventuelles pertes. Il s'agit en fait d'évaluer si, malgré la dévalorisation des titres qu'elles détiennent et le non-remboursement de certaines de leurs créances douteuses, elles resteront en mesure d'honorer leurs dettes et de permettre à leurs déposants de continuer à retirer leur argent. Selon les normes décidées par l'ABE, il suffirait à une banque, pour y parvenir, que ses fonds propres se maintiennent au-dessus de 5 % de la valeur de l'ensemble de ses dettes.

En fait les quatre-vingt-onze banques qui ont participé aux tests n'ont même pas soumis leurs comptes au contrôle de l'organisme européen. Ce dernier s'est simplement contenté de définir un scénario de crise et a laissé aux analystes de chaque banque le soin de calculer quelles pertes elles encourraient et quels fonds leur resteraient. Autant dire que l'affirmation des banques qui disent avoir réussi le test n'engage que ceux qui les croient. L'une d'elles a d'ailleurs tout simplement refusé de publier ses résultats sans que personne n'envisage de l'y contraindre.

En fait le scénario de crise proposé pour les tests était ridiculement optimiste au regard de l'actualité. Par exemple, les titres de dette émis par la Grèce, l'Irlande et le Portugal, qui représentent cent quatre-vingt-douze milliards d'euros dans la trésorerie des banques européennes, ont vu ces jours-ci leur valeur s'effondrer de 30 à 50 %. Or, l'ABE a utilisé pour son test des données datant d'avril dernier, dans lesquelles la dépréciation de ces obligations d'État ne dépasse pas 6 % !

En fin de compte, les simulations qui voulaient rassurer ont pour effet d'aggraver la chute des cotations bancaires. Les spéculateurs ne se laissent pas prendre à tous les bluffs qui disent vouloir démontrer la fiabilité du système bancaire, ils sont les premiers à savoir qu'il ne l'est pas parce que les États sont prêts à couvrir toutes leurs pertes éventuelles. Mais pour combien de temps ?

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