Renault : 25 millions sans lever le petit doigt20/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2242.gif.445x577_q85_box-0%2C6%2C164%2C218_crop_detail.png

Dans les entreprises

Renault : 25 millions sans lever le petit doigt

Une partie de la presse a fait état d'une aide de 24,5 millions d'euros offerte à Renault par le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (FEM), pour paraît-il, « aider au retour à l'emploi ». Un joli mensonge ! Le Fonds européen va simplement rembourser Renault de ce montant, pour avoir licencié 3 582 travailleurs dans le cadre d'un Plan au Départ Volontaire (PRV).

Ce fonds, qui dispose d'un budget annuel de 500 millions d'euros, est supposé aider au reclassement et à la recherche d'emplois de travailleurs licenciés. Le seul énoncé du fonds lui-même est suffisamment explicite pour que l'on comprenne que le grand patronat sait profiter de toutes les mannes pour débourser le moins d'argent possible.

Pour Renault, comme beaucoup d'autres grandes entreprises, le mot licenciements est remplacé par « plans de départs volontaires » (PRV).

C'est ainsi qu'en 2008, après avoir annoncé un bénéfice de 2,7 milliards d'euros, la direction annonçait, à la veille des congés, vouloir supprimer 6 000 emplois : 1 000 à l'usine de Sandouville et 5 000 dans les structures (agents de maîtrise, techniciens...). Ces suppressions d'emplois n'étant pour la direction que des départs « volontaires ».

Au final, ce sont 4 400 salariés, dont 880 à l'usine de Sandouville et plus de 1 000 au Technocentre de Guyancourt, qui ont quitté Renault. Il y avait certes des mesures compensatoires, mais qui ne permettaient pas, loin s'en faut, de pouvoir envisager l'avenir sereinement.

Beaucoup de ces travailleurs, essentiellement à Sandouville et Cléon, avaient été encouragés à partir en raison de leur âge. Au bout de trente ou quarante ans de travail posté sur une chaîne, les ouvriers voyaient d'un bon oil leur départ. Avec les quelques indemnités et un peu de chômage, ils pourraient tenir le coup jusqu'à l'âge de la retraite. Eh bien non ! Entre-temps, l'âge de départ à la retraite a été repoussé. Après 36 mois aux Assedic, de nombreux travailleurs se sont retrouvés au RSA ou avec rien du tout suivant leur situation familiale. Certains sont obligés de retravailler un mois, voire un an. Il n'y a plus de poste pour eux en usine et trouver du travail ailleurs est illusoire.

Il faut être sans vergogne pour parler d'aide à un retour à l'emploi. Renault a annoncé pour 2010 un bénéfice de 3,49 milliards d'euros, un endettement divisé par quatre et 8,8 milliards de trésorerie disponible. Et voilà encore 24,5 millions qui tombent dans ses caisses, sans même avoir eu besoin de les mendier. Comme si Renault, qui a mis ces milliers de travailleurs dans la galère, ne pouvait pas prendre en charge cette somme ! Elle ne représente même pas 1,5 % des bénéfices de 2010. La moindre des choses serait que Renault assure jusqu'au bout le droit de vivre à tous ces travailleurs. Mais cela, il faudrait lui imposer par la force collective.

Ces millions gracieusement offerts par l'Union européenne, les travailleurs n'en verront donc pas la couleur. Car Renault va tout simplement se faire rembourser 60 % de ce qu'elle a dépensé en indemnités de départs majorées, et ce qu'elle a payé à toute la kyrielle de cabinets divers et autres profiteurs en matière de recherche d'emplois. Ces cabinets sont aujourd'hui incapables de dire ce que sont devenus les travailleurs qu'ils ont eus en face d'eux. Quant à la direction, il y a belle lurette que ces travailleurs n'existent plus pour elle.

Un autre plan est rentré en application au 1er juillet 2011, pour plus de 3 000 travailleurs. Il faut être à trois ans de la retraite, avec au minimum quinze ans de travail posté ou en incapacité permanente pour pouvoir partir avec 75 % du salaire brut imposable. Un plan au nom de la pénibilité au travail ? Non ! Au nom du profit seulement même si beaucoup espèrent, à juste titre, pouvoir vivre un peu.

Nul ne sait ce que ces capitalistes de l'automobile ont perçu et perçoivent encore en ristournes et aides multiples. C'est incalculable, même pour eux.

Ce qui est certain c'est qu'en 2005, Renault comptait, en France, 44 143 salariés dont 16 220 ouvriers. En 2010, il y a 35 473 salariés et 12 101 ouvriers.

De plan en plan, la direction assure avant tout les dividendes de ces actionnaires. Et cela, il faudra bien que ça cesse.

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