Refusons de payer leur crise20/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2242.gif.445x577_q85_box-0%2C6%2C164%2C218_crop_detail.png

Editorial

Refusons de payer leur crise

Périodiquement, les experts et les dirigeants politiques annoncent que la crise se termine et que l'on voit le bout du tunnel. Et tout aussi régulièrement, les craquements se font entendre dans le système financier. Non seulement dans des pays comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne ou l'Italie, mais aussi aux États-Unis, aux prises avec une dette qui surpasse celle des autres pays.

Et pendant ce temps-là, devant cet arrière-plan guère rassurant, les politiciens français gesticulent. Il a suffi tout récemment que la candidate d'Europe-Écologie-Les Verts, Éva Joly, ose, timidement, discuter de l'utilité du défilé militaire du 14 juillet - ce qui relève du simple bon sens - pour qu'aussitôt, du PS au FN, on l'accuse d'outrage à l'armée française. Rien que ça. Puis, un mot en appelant un autre, la droite, Premier ministre en tête, lui a contesté le droit d'avoir un avis sur la question, sous prétexte qu'elle était née en Norvège, il y a plus de soixante ans. Consternant !

Mais surtout dérisoire. D'autant que les ténors des différents partis, qui se sont bousculés pour donner leur avis sur cette question devant les caméras complaisamment présentes, sont d'accord entre eux sur un point essentiel. Tous se sont déclarés, d'Éva Joly à Marine Le Pen en passant par les différents prétendants du PS, en faveur de l'intervention militaire en Libye. Et pourtant là, il ne s'agit plus d'une parade symbolique, sans conséquence. Les avions fabriqués par Mr Dassault sont de vrais avions, qui déversent de vraies bombes, qui détruisent de vraies maisons et tuent de vraies personnes.

Oui, cette polémique est ridicule, même si le positionnement des uns et des autres sur cette question permet de vérifier que, même au niveau des symboles, ils se retrouvent tous aux côtés de ceux qui s'émeuvent au son du clairon qui sonne et au spectacle du drapeau qui flotte, que dénonçait si justement Georges Brassens.

Et ce petit jeu des petites phrases risque de se poursuivre jusqu'aux élections de 2012. Pour ceux qui s'y livrent, cela a l'avantage de ne pas avoir à parler de ce qu'ils proposent s'ils sont élus. Mais cela illustre surtout le fait que les travailleurs n'ont rien à attendre des élections. D'autant moins que ceux qui risquent d'être élus ne s'engagent sur rien. On peut même dire que ni la droite ni le PS n'entretiennent d'illusions, mais ils nous promettent chacun la rigueur sociale.

Car derrière le théâtre d'ombres de ces polémiques, il y a la réalité de cette crise économique qui n'en finit pas et que veulent nous faire payer ceux qui l'ont provoquée, les banquiers, les industriels, en un mot nos exploiteurs.

Il suffit de regarder ce qui se fait au-delà de nos frontières pour savoir ce qui nous attendrait si nous laissions faire. Les plans d'austérité, qui se mettent en place en Grèce, au Portugal, en Espagne et, ces jours derniers, en Italie, donnent une idée de ce que préparent ici, nos gouvernements actuels et futurs. D'ailleurs pas besoin de faire un effort d'imagination. Il suffit de constater ce qu'ont déjà entrepris Sarkozy et ses acolytes.

Ils se sont attaqués à l'automne dernier aux retraites des salariés. Le grignotage des droits permettant d'accéder aux soins se poursuit. L'érosion du pouvoir d'achat des salaires et des retraites s'accélère, au rythme d'une augmentation des prix effrénée. Le chômage se maintient à des sommets vertigineux.

Face à cette situation, le monde du travail et les classes populaires auront à se défendre pour refuser de payer pour une crise et pour des dettes dont ils ne sont en rien responsables.

Et en premier lieu, face à la dépréciation du pouvoir d'achat, il faudra exiger que les salaires soient indexés automatiquement sur l'évolution des prix, tout comme les retraites et les pensions diverses.

Face au chômage, Il faudra imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, avec maintien des salaires.

Il faudra aussi mettre sous contrôle des salariés et de leurs organisations toutes les activités bancaires, dans le cadre d'une banque unique, au service des seuls intérêts de la collectivité.

En cette période de congés, l'esprit n'est peut-être pas à la lutte. Mais ne nous y trompons pas, gouvernement et patronat nous préparent une rentrée à leur façon. Il faut que, de leur côté, les travailleurs préparent la riposte, en s'y mettant tous ensemble.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 juillet

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