Égypte : Les grèves et les manifestations continuent20/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2242.gif.445x577_q85_box-0%2C6%2C164%2C218_crop_detail.png

Dans le monde

Égypte : Les grèves et les manifestations continuent

De nouveau, la place Tahrir au Caire a été le siège de rassemblements massifs, depuis le 8 juillet où des manifestants se sont regroupés pour rappeler leurs exigences au gouvernement provisoire et au Conseil supérieur des forces armées au pouvoir depuis le départ de Moubarak.

À des dizaines de milliers, au Caire mais aussi à Alexandrie et à Suez, ils ont reproché au pouvoir en place sa lenteur à engager des poursuites contre les responsables de la mort de près de 900 personnes et des 6 000 autres blessées entre le 25 et le 28 janvier. Les officiers et policiers incriminés sont souvent toujours en place, et en tout cas, pas encore jugés. Quant au procès qui devrait s'ouvrir le 3 août contre l'ancien dictateur et ses fils, beaucoup craignent qu'il ne soit qu'une mascarade. Le Premier ministre, Charaf, a, dans un discours télévisé, tenté de gagner de temps en annonçant un rapide remaniement ministériel, ainsi que le renvoi des policiers reconnus coupables de violences. Des milliers de manifestants, visiblement peu convaincus de la volonté du gouvernement de « nettoyer » la police, ont continué une occupation nocturne de la place Tahrir, et à exiger, par des banderoles ou des slogans, une accélération des procédures judiciaires, l'éviction au sein du ministère de l'Intérieur des hommes du dictateur, toujours en place, et le départ du maréchal Tantaoui, l'ancien ministre de la Défense de Moubarak et actuel chef du Conseil des forces armées. « Nous n'avons pas vu de changement. Nous avons renversé Moubarak, mais nous avons un maréchal à la place. » proclamait une pancarte brandie sur la place Tahrir, le 8 juillet.

Autre geste adressé aux manifestants, la Cour suprême administrative vient de dissoudre, avant la date prévue des nouvelles élections, les quelque 1 750 conseils municipaux, réputés pour leur corruption et composés quasi exclusivement de notables de l'ex-PND de Moubarak. Quant au gouvernement, il a une nouvelle fois annoncé l'augmentation de 444 à 708 livres égyptiennes (LE) du salaire minimum des 1,9 million d'employés de l'État. En fait, cette hausse, pourtant modeste, a été réduite. Les employés ne toucheront que à 684 LE, soit 82 euros.

Plus de justice sociale, c'est ce que réclamaient, place Tahrir et ailleurs, une partie des manifestants, au cri de « Les pauvres d'abord ». C'est aussi la revendication qu'ont exprimée les mouvements de grève qui ont touché pendant plusieurs semaines les travailleurs des installations du canal de Suez et des chantiers navals. Les ouvriers des entreprises privées sous-traitantes (9 000 salariés sur les 20 000 qui travaillent sur le canal et permettent le trafic d'une cinquantaine de navires par jour) exigent la revalorisation du salaire mensuel de base ridiculement bas de 130 livres égyptiennes - 16 euros. Les grévistes du chantier naval Suez Canal Shipyard Co demandent, eux, 40 % de hausse du salaire mensuel de base, des conditions de vie décentes, et la mise au point d'assurances santé. Les uns et les autres ont exigé la libération des manifestants arrêtés lors des récents rassemblements.

La voix des travailleurs et des manifestants, que l'armée et la police locale ont tenté de faire taire, devra encore se faire entendre, et puissamment.

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