Portugal - Après la défaite électorale du PS : Une crise qui ne fait que s'approfondir08/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2236.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

Portugal - Après la défaite électorale du PS : Une crise qui ne fait que s'approfondir

Les élections législatives portugaises du 5 juin ont désigné un vaincu, le Parti socialiste (28 % des voix, 73 députés), mais pas de vrai vainqueur. Le Parti social-démocrate (droite) n'obtient que 38,6 % des suffrages et 105 députés, sur 230. Le rapport des forces entre eux s'inverse donc : depuis 2009 le PS avait 97 députés et le PSD 81.

À part cela, peu de changements. Les abstentions sont passées de 39,4 à 41 %. À droite le Parti populaire passe de 21 à 24 députés, à gauche le Parti communiste de 15 à 16. Le Bloc de gauche, classé à l'extrême gauche, perd la moitié de ses 16 députés de 2009. Il avait alors recueilli les voix d'électeurs de gauche mécontents du PS. En janvier dernier, au contraire, il a soutenu le candidat PS à la présidentielle

C'est donc loin d'être un raz-de-marée pour le PSD qui, pour former une majorité gouvernementale, va s'allier une nouvelle fois avec le Parti populaire. Ce parti très droitier a déjà été capable de saborder un gouvernement de droite pour complaire à son électorat réactionnaire. Les relations PSD-PP risquent d'être orageuses et la crise politique peut ressurgir à toute occasion.

La crise économique et sociale, en revanche, ne connaîtra aucun répit. C'est elle qui le 23 mars avait provoqué la démission du gouvernement PS minoritaire de José Socrates, à l'occasion d'un énième plan d'austérité. Entre-temps, l'Union européenne et le Fonds monétaire international ont imposé au Portugal un plan de « sauvetage » de 78 milliards d'euros sur trois ans, dont la contrepartie est un plan d'austérité aussi sévère que celui du PS.

Aussi bien le PS que le PSD ont accepté ce plan de sauvetage, le leader du PSD promettant même « d'aller plus loin » en matière d'austérité. « Les années qui nous attendent vont exiger beaucoup de courage de la part du Portugal tout entier », a-t-il déclaré. Il y a peu de chances que les capitalistes en souffrent vraiment. En revanche les travailleurs et les couches populaires vont subir de nouvelles taxes, de nouvelles baisses des dépenses publiques, de santé en particulier, et on va privatiser tout ce qui peut l'être, entre autres le secteur de l'énergie. Le chômage devrait dépasser les 12 % et bien des travailleurs et des jeunes envisagent d'émigrer.

Cette misère des couches populaires, salariés, chômeurs, retraités, va s'approfondissant depuis une dizaine d'années. Chaque nouveau gouvernement a marqué un degré de plus dans les mesures antisociales, et celui-là ne sera certainement pas en reste. À moins que la colère qui monte, de l'Espagne à la Grèce, ne finisse par être contagieuse.

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