PCF : Le ralliement à Mélenchon, un marché de dupes08/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2236.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

PCF : Le ralliement à Mélenchon, un marché de dupes

Lors de sa conférence nationale du 5 juin, la direction du PCF a décidé par 63,6 % des voix le soutien à la candidature de Mélenchon. Cette décision devra être confirmée par les militants, qui auront à choisir les 16, 17, 18 juin entre le dirigeant du Parti de gauche, ex-ministre du PS, le député du PCF André Chassaigne et Émmanuel Dang Tran, un militant du PCF qui refuse, déclare-t-il, l'alliance avec le Parti de gauche.

Cette consultation a pour fonction de sauver les apparences, en donnant l'illusion que le PCF ne s'est pas éclipsé sans résistance. La direction du parti a tenu cependant à bétonner son choix, en inscrivant le résultat déjà adopté par la conférence communiste de ce 5 juin sur les bulletins de vote destinés à l'expression des militants. Si ce n'est pas une consigne de vote, cela y ressemble. Et le secrétaire du PCF Pierre Laurent en a rajouté une couche, en appelant les communistes à voter pour Mélenchon, non sans irriter un certain nombre de militants hostiles à ce ralliement qui fait s'effacer leur parti.

La direction du PCF essaie de justifier son choix en expliquant que ce marché est « gagnant-gagnant », pour reprendre une formule en vogue. Certes, les dirigeants du PCF font la part belle à Mélenchon, mais en échange, disent-ils, le Parti de gauche laisse 382 circonscriptions des élections législatives au PCF, 72 restant au Parti de gauche. Les notables du Parti communiste peuvent avoir le sentiment de sauver ainsi les meubles, avec l'espoir de disposer d'un nombre suffisant d'élus pour avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.

À regarder vite les termes de ce marché, il semble équilibré. Sauf que, même arithmétiquement, le compte n'y est pas. Le Parti de gauche laisse au PCF des sièges qui ne sont pas à lui et qu'il n'a aucune chance de gagner dans les élections. Il n'abandonne donc rien.

De toute façon cette question ne se pose pas en termes comptables, mais surtout en termes militants, en termes politiques. Mélenchon échange sa popularité, ou plutôt sa faconde et sa jactance, c'est-à-dire du vent, contre le crédit que les militants du PCF ont acquis par leur présence, leur activité, des années durant, dans leurs entreprises, dans les quartiers. Estimé à cette aune, le marché n'a rien d'un donnant-donnant.

Les dirigeants du PCF ont depuis des années proposé comme objectif essentiel à l'activité des militants des objectifs électoraux. Sur ce terrain, il n'y a pas d'issue satisfaisante, sauf à en passer par un bateleur d'estrade.

Ce n'est pas par cette voie que l'on peut revitaliser les idées communistes. Et ce serait pourtant plus que jamais nécessaire.

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