L'art d'échapper au fisc08/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2236.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

L'art d'échapper au fisc

Le député UMP Marc Le Fur vient d'accéder à la notoriété en proposant d'intégrer les oeuvres d'art dans le patrimoine soumis à l'impôt de solidarité sur la fortune. La levée de boucliers a été immédiate.

Depuis les mânes de Mitterrand, qui avait soigneusement pris soin d'exclure les oeuvres d'art de l'assiette de l'impôt, jusqu'aux possibilités d'acquisition des musées nationaux, tout a été invoqué contre cette proposition. Mitterrand, le neveu, et actuel ministre de la Culture, a parlé de ces « gens plus modestes qui font circuler leurs tableaux, ne cherchent pas à les vendre et les prêtent pour les grandes expositions ». Fillon, Sarkozy, Copé ont dénoncé l'absurdité de la chose, son inutilité, son impossibilité, son côté inquisitoire, etc. Bref, se demander qui possède des oeuvres d'art, pour quel montant et dans quel but, serait une atteinte insupportable à tout ce qu'il y a de plus sacré.

Quel empressement, quelle flamme, quelle unanimité et quelle servilité ! Car les plus grandes fortunes du pays, au premier rang desquelles Bernard Arnault et François Pinault, ont économisé des trésors en impôt, chaque année, depuis des lustres, grâce à leurs placements en oeuvres d'art.

Plus même, ce qui n'était qu'une façon élégante et légale de frauder le fisc est devenu une industrie et un moyen d'arrondir leur pelote. Ils sont des piliers du marché international de l'art, créent les modes, achètent les créateurs qu'ils lancent, détiennent des maisons de courtage, des galeries et des musées privés, disposent de fait des services des musées nationaux et même de la diplomatie pour faire fructifier leurs réseaux. Le « marché de l'art », que les déclarations du député Le Fur feraient trembler sur ses bases, est pour une part l'art de faire marcher les affaires des Arnault et Pinault.

Voilà donc, avec cette proposition, bien plus qu'un impair politique : un crime contre la propriété, voire une faute de goût !

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