Dimanche 5 juin, au moins vingt manifestants palestiniens ont été tués par les troupes israéliennes et plus de deux cents autres blessés sur le plateau du Golan. Venant de Syrie, ils avaient traversé la ligne de séparation pour venir protester contre l'expulsion des Palestiniens lors de la Nakba (la Catastrophe) en 1948 et contre la Naksa (la Défaite) en 1967, au sortir de laquelle Israël avait occupé, entre autres, la région du Golan.

Les manifestants désarmés savaient qu'ils allaient se heurter aux soldats israéliens et que ceux-ci n'hésiteraient pas à faire usage de leurs armes. Le 15 mai dernier, des milliers d'entre eux étaient déjà venus de la Syrie voisine, mais aussi du Liban, de Gaza ou de Jordanie. Ils s'étaient rassemblés sur le plateau, face aux militaires israéliens qui avaient tiré et envoyé des gaz qui n'étaient pas seulement lacrymogènes. Quinze personnes avaient alors été tuées et plus de 300 blessées. C'est dire le courage et la rage que doivent éprouver ces jeunes Palestiniens pour venir ainsi au-devant des balles.

Ils sont les descendants des 700 à 800 000 Palestiniens littéralement expulsés de leurs terres lors de la création de l'État d'Israël, victimes d'une véritable épuration ethnique. Aujourd'hui les Palestiniens en exil sont plus de quatre millions, dont près de 1,3 million vivent toujours dans des conditions des plus précaires, répartis dans des camps, essentiellement en Jordanie.

La population palestinienne, dont le droit à une existence nationale est continuellement nié, fait toujours entendre son exaspération, malgré les dangers et au péril de sa vie. Elle entend retrouver ses droits, y compris celui dit du « retour », c'est-à-dire avoir la possibilité, si elle le désire, de retourner vivre en Israël. Ce droit lui est obstinément refusé par ceux qui l'ont spoliée et la maintiennent dans des conditions de vie inacceptables.

En Israël même, des milliers de manifestants se sont retrouvés samedi 4 juin à Tel-Aviv pour appeler à la création d'un État palestinien. Les manifestants, juifs en majorité mais également arabes, étaient environ 10 000 pour exprimer leur solidarité envers les Palestiniens ; une solidarité qui devra aller grandissante pour peser sur des gouvernements criminels et pour qu'enfin soit reconnu le droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes.