Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) : Suicide d'un salarié, la «faute inexcusable» de Renault01/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2235.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans les entreprises

Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) : Suicide d'un salarié, la «faute inexcusable» de Renault

La cour d'appel de Versailles a récemment condamné l'entreprise Renault pour faute inexcusable à l'égard d'un de ses salariés, un ingénieur de 39 ans qui avait mis fin à ses jours en octobre 2006, en se jetant du cinquième étage d'un bâtiment du Technocentre de Guyancourt.

Condamné une première fois en 2009, Renault avait fait appel, faisant ainsi preuve d'une absence totale de compassion pour la victime et ses proches. Mais surtout, en rejetant l'accusation, les dirigeants tenaient à nier qu'ils placent les salariés dans une situation intenable, en exerçant sur eux directement et insidieusement des pressions qui en conduisent beaucoup à un stade douloureux de stress et, pour quelques-uns, au suicide.

Depuis plusieurs années, la direction fait mine de se soucier du problème et communique en interne sur le sujet. Une « journée de l'éthique » a ainsi été inventée, dans le but affiché de resserrer les liens entre les salariés et la hiérarchie. Des commissions paritaires ont eu lieu sur le thème du bien-être au travail. Le tout sans résultat, puisqu'il ne s'agit que de communication.

Dans le même temps, en revanche, on voyait les effectifs fondre - bien réellement, cette fois. Entre les plans de départs au volontariat, sans remplacement, et la mise en fin de contrat de nombreux prestataires, près de 2 000 salariés ont disparu des effectifs. Quant aux quelque 460 embauches promises au Technocentre, après les départs que Renault organise dans le cadre de son plan GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), elles resteront loin du compte.

Pour le groupe, les travailleurs sont une source de profit, dans les usines comme dans les bureaux d'étude. Et en tant que tels, ils doivent être en permanence surengagés, assurer une productivité maximum. On leur fixe des objectifs surhumains, bien sûr sans les moyens pour les atteindre, et lorsque certains craquent, dans l'épuisement général, les dirigeants s'en lavent les mains et invoquent la fatalité.

Outre la satisfaction morale que ressentent les salariés de voir cette fois Renault condamné, on ne peut que souscrire aux propos de la veuve du collègue décédé, qui a dit considérer le jugement comme « un avertissement à toutes ces entreprises qui mettent en place ce type de système qui épuise les salariés et les tue à petit feu ».

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