Renault-Flins (Yvelines) : Les caristes des Presses en grève25/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2234.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C165%2C227_crop_detail.png

Dans les entreprises

Renault-Flins (Yvelines) : Les caristes des Presses en grève

Depuis le lundi 16 mai, la quasi-totalité des quelque soixante caristes des trois équipes de l'atelier des Presses, au sein de l'usine Renault de Flins, ont fait grève. La direction les menace d'une réorganisation qui, du département Logistique auquel ils sont actuellement rattachés, les rattacherait à celui des Presses.

En fait, si les intentions cachées derrière cette réorganisation révulsent les caristes, c'est qu'elle entraînerait inévitablement un surcroît de travail, une polyvalence qui se traduirait pour eux par du travail de stockeur, de pontier, voire de balayeur. La direction a tellement taillé dans les effectifs, tellement supprimé de postes, qu'il manque du monde partout. L'opportunité d'utiliser plus intensivement des travailleurs, qui semblent parfois, aux yeux de ces chasseurs de coûts surexcités, avoir momentanément terminé une livraison, leur semble trop belle.

L'idée même que certains travailleurs puissent, à certains moments de leur activité, échapper ne serait-ce qu'un instant à la pression ambiante, leur est insupportable. L'heure est pour ces responsables à la recherche de la « non-valeur-ajoutée », comme ils disent, et du moyen d'ajouter une tâche, un geste, à un poste de travail.

En tout cas les caristes des Presses, dont beaucoup ont déjà goûté et même soupé du travail en production, voire en chaîne, refusent cette attaque analogue à ce que Renault a déjà mis en place dans d'autres usines, comme celle de Sandouville. Leur grève recueille la sympathie de nombreux travailleurs des Presses et, au-delà, de caristes d'autres départements qui pourraient bien subir le même sort. Au Montage par exemple, un groupe de caristes a débrayé en solidarité. Un débrayage a également eu lieu le 19 mai sur toute l'usine, afin de signifier la nécessité de mettre un coup d'arrêt à l'aggravation des conditions de travail.

Devant la détermination des caristes, la direction s'est engagée par écrit à ce que ceux-ci n'aient pas à stocker de pièces, même après réorganisation. Cela ne constitue pas une garantie réelle pour eux, à qui on pourrait tenter d'imposer d'autres tâches, et encore moins pour les futurs caristes des Presses ou pour ceux des autres secteurs.

Le 24 mai à midi, une majorité de grévistes des trois équipes de jour et de nuit se sont retrouvés ensemble. Même si certains commençaient à trouver que la direction les fait lanterner, ils ont à nouveau voté la grève, continuant de refuser cette polyvalence induite par la réorganisation, et exigeant des garanties. Malgré la mobilisation forcée de responsables hiérarchiques rapidement baptisés caristes, la grève des caristes commence à avoir des conséquences. L'usine de Batilly aurait des problèmes d'approvisionnement et, à Flins même, la direction a dû arrêter la production de voitures, avec une journée non travaillée le 25 mai après-midi ou le 26 matin. La raison invoquée, un problème de « rythme », ne trompe personne.

En laissant les fourches au repos, les conducteurs d'engins ouvrent une brèche dans la ligne d'attaque de Renault : la chasse aux « temps morts », au mépris de la santé des travailleurs.

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