SNCF : Une dégradation programmée18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans les entreprises

SNCF : Une dégradation programmée

La SNCF a annoncé que, pour certains trains, il y aurait des horaires de départ variables, pouvant aller jusqu'à une heure de décalage, soit en avançant leur heure de départ, soit en la reculant. Les usagers seraient prévenus sept jours avant l'heure effective de départ du train.

Les raisons avancées ? Les conséquences des multiples travaux nécessaires à la rénovation de certaines lignes. Les trains concernés seraient en nombre limité, une quarantaine selon l'entreprise. La seule nouveauté réside dans le fait que l'horaire puisse être avancé, parce que les trains retardés d'une heure, voire plus, on connaît déjà !

Prétexter les travaux pour justifier ces « horaires variables » tient de l'aberration, car des rénovations, il y en a toujours eu. En fait, c'est l'organisation des travaux qui se dégrade depuis des années en raison de la suppression de personnel qualifié sur les chantiers. Cette situation est donc la conséquence de la politique menée depuis longtemps par la SNCF et par RFF, c'est-à-dire par l'État.

À l'époque où les trains avaient la réputation d'être à l'heure, les travaux de renouvellement des voies étaient prévus des années à l'avance, avec le personnel nécessaire, et surtout étaient gérés de bout en bout par la même entreprise, la SNCF.

Après 1997 et la division en deux de l'entreprise, les travaux ont de plus en plus été confiés à des entreprises privées. La mise en concurrence s'est accrue, RFF choisissant les entreprises les moins chères. Résultat, ces entreprises privées acceptent de prendre en charge beaucoup plus de tâches qu'auparavant et n'hésitent pas elles-mêmes à sous-traiter en partie les chantiers. N'étant motivées que par l'appât du gain, elles cherchent à limiter autant que faire se peut leurs coûts salariaux. Le personnel qu'elles envoient sur ces chantiers est souvent constitué d'intérimaires, ne connaissant pas toujours les règles de sécurité indispensables, sous les ordres de responsables formés, certes, mais fréquemment trop peu nombreux pour gérer toutes les parties de ces chantiers complexes.

Dans le même temps, la direction de la SNCF fait souvent organiser et contrôler ces chantiers par un encadrement jeune, sensible aux pressions, pour que les travaux soient réalisés coûte que coûte, avec menace sur leur avancement personnel si le résultat n'y est pas. Et tant pis si les consignes de sécurité ne sont pas correctement appliquées, alors que le travail réalisé dans un empressement général est propice aux erreurs et aux accidents du travail.

La conséquence de tout cela est que les voies peuvent être rendues en retard à la circulation des trains de voyageurs. En fait, en annonçant ces trains à horaires variables, la SNCF ne fait qu'officialiser une dégradation qui dure depuis des années. Et ce sont les usagers et tous les travailleurs du ferroviaire qui continuent à en payer le prix.

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