RSA : Les « assistés » ne sont pas ceux que le gouvernement montre du doigt18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Leur société

RSA : Les « assistés » ne sont pas ceux que le gouvernement montre du doigt

Quand Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, a déclaré, le 8 mai dernier, que « l'assistanat était un cancer » pour la société et que le RSA ne devrait être versé qu'en échange d'une contrepartie, il n'a pas hésité à mentir sur les chiffres, affirmant : « En gros, avec l'APL (aide personnalisée au logement) et les différentes aides, vous pouvez tourner autour des 1 150-1 200 euros, plus que le smic. »

Fillon a fait mine de remettre en place son ministre des Affaires européennes, mais il ne l'a pas désavoué, au contraire. Lui aussi a dit qu'il fallait évaluer le dispositif du RSA afin de « diminuer la part d'assistanat ».

Le RSA est entré en application en 2009 et n'a été généralisé aux départements et territoires d'outre-mer qu'en janvier 2011. On distingue deux niveaux de RSA : un RSA de base, ou « RSA socle », qui a remplacé l'ancien RMI et l'allocation de parent isolé, et un « RSA activité », qui est versé en complément du salaire quand un travailleur retrouve un emploi de quelques heures par mois.

Le RSA socle est actuellement, forfaitairement, de 467 euros pour une personne seule sans travail, et de 700 euros pour un couple sans enfants. Il peut être majoré pour tenir compte de la situation familiale, notamment du nombre d'enfants, mais aussi minoré, par exemple dans le cas d'un bénéficiaire encore logé chez ses parents. Et contrairement à ce que dit Wauquiez, le RSA ne peut pas être cumulé tel quel avec l'APL par exemple, son montant forfaitaire étant alors abaissé. Le ministère des Solidarités reconnaît ainsi que le montant moyen des prestations versées tourne autour de 430 euros.

D'autre part, d'après les chiffres du ministère, un couple sans enfant dont l'un des deux travaille, payé au smic, gagne 480 euros de plus qu'avec le seul RSA socle, et cette différence ne fait qu'augmenter si le nombre d'enfants augmente. Évidemment le revenu d'un tel couple n'est pas pour autant suffisant, loin de là. Mais Wauquiez veut aussi opposer par ses mensonges ceux qui ont encore un travail, mais qui ont du mal à joindre les deux bouts, aux chômeurs présentés comme des « assistés » qui profitent de la situation !

L'argument avancé avec la création du RSA activité était que le bénéficiaire serait « incité » à retrouver un travail, puisque ses revenus s'en trouveraient augmentés. Comme si le chômage était lié à un manque de motivation des travailleurs et pas au refus des patrons d'embaucher. Mais depuis 2009, avec la crise, le nombre de bénéficiaires du RSA n'a fait que croître, concernant désormais 1,8 million de bénéficiaires, soit 3,8 millions de personnes avec les familles. Il est plus facile pour le gouvernement de montrer du doigt les victimes du chômage que de leur trouver un emploi !

Ce revenu dit « de solidarité » n'est même pas alimenté par les plus riches. La taxe de 1,1 % sur les revenus du patrimoine et les produits de placements, instaurée lors de la création du RSA, a rapporté en 2010 à peine 1,2 milliard d'euros, même pas la moitié du coût du RSA activité, le reste étant financé par les contributions sociales comme la CSG.

Partager