Haïti : Le nouveau président annonce ses intentions18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Haïti : Le nouveau président annonce ses intentions

Le 14 mai, le chanteur populaire Michel Martelly a pris officiellement ses fonctions de président d'Haïti.

Il était jusque-là plus connu sous le pseudonyme de « Sweet Micky », ainsi que pour ses extravagances et ses exhibitions obscènes. Durant sa campagne électorale, sa démagogie a consisté à se présenter comme « le candidat du changement », celui qui se situait « en dehors du système », le tout mélangé avec une bonne dose de promesses faciles destinées à lui rallier un électorat populaire.

Martelly n'est pourtant pas un homme neuf en matière de politique. Il a ouvertement appuyé le sanglant coup d'État militaire de 1991 à 1994 contre le président d'alors, Aristide. Son entourage est également composé de vieux routiers de la politique. Pourtant, son élection au second tour de la présidentielle avec 67,7 % des voix face à Mirlande Manigat, après avoir évincé au premier tour le candidat officiel du pouvoir Jude Célestin, a été ressentie par les masses pauvres comme une claque donnée au gouvernement de René Préval et à toute la classe politique.

À peine élu, celui qui se faisait passer pour un rebelle s'est empressé de donner des gages aux possédants. Il a passé une semaine aux États-Unis pour s'entretenir avec les dirigeants de l'administration américaine et des institutions financières mondiales. Il s'est également engagé à offrir des garanties aux investisseurs et propriétaires privés. Enfin, il a choisi comme Premier ministre, Daniel Rouzier, un représentant du patronat local.

Pour le financement de certains de ses projets électoraux, tel que l'éducation gratuite pour tous les enfants haïtiens, il a annoncé qu'il réclamerait aux compagnies assurant les transferts d'argent de la diaspora vers Haïti un dollar sur chaque transaction. Il entend également prélever 5 centimes par minute sur chaque appel téléphonique effectué depuis l'étranger. Le nouveau chef de l'État a aussi prévu un prélèvement de 10 % sur les gains de la Borlette, la loterie des pauvres. C'est dire qu'il ne donnera - peut-être - aux pauvres que ce qu'il aura déjà pris aux pauvres, sans toucher aux riches.

Pourtant Haïti est un pays en ruine. Seize mois après le séisme du 12 janvier 2010, près de deux millions de personnes ne sont toujours pas relogées. Les sans-abri restent exposés au soleil, au vent, à la pluie, à la promiscuité et à toutes sortes de menaces. Et l'approche d'une nouvelle saison cyclonique fait redouter le pire. Quant à l'épidémie de choléra, elle a déjà fait plus de 5 000 morts.

Des sommes colossales ont été collectées par les ONG et des milliards de promesses de dons faites par les grandes puissances occidentales. La population attend toujours d'en voir concrètement les retombées.

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