Grèce : Étranglée par les banquiers et les trusts18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Grèce : Étranglée par les banquiers et les trusts

On a pu entendre que l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn ôterait à la Grèce un de ses défenseurs, ou du moins un modérateur face au clan plus dur qui serait représenté, entre autres, par le gouvernement allemand. Cela pourrait faire sourire si la situation sociale et économique en Grèce n'était pas aussi grave. Dans toutes les manifestations, le FMI, y compris son ex-président, a été conspué, ainsi que l'Union européenne et sa Banque centrale, tous unis dans cette troïka, vomie par la population grecque.

La réunion des ministres des Finances de la zone euro, le 16 mai, a décidé de continuer à « aider » la Grèce. Il y a effectivement une continuité dans ce mélange de tractations sordides et de chantage, quels que soient le président du FMI, les représentants des gouvernements européens ou des instances européennes. On trouve d'un côté ceux qui affirment leur refus de restructurer la dette grecque, en accordant un rabais ou des délais de remboursement, parmi lesquels Christine Lagarde, ministre française des Finances, dont on parle pour une éventuelle présidence du FMI. De l'autre, il y a ceux qui, voyant la Grèce filer vers la faillite, préféreraient une attitude plus souple, même si cela risquait d'être un mauvais exemple pour les autres pays endettés comme l'Irlande ou le Portugal. Mais tous sont bien d'accord pour exercer la pression maximum sur le gouvernement du Premier ministre, Papandréou.

Le versement de la dernière tranche des 110 milliards d'aide du FMI, promis en 2010, est soumis à l'appréciation des experts de la troïka, actuellement à Athènes et qui ne rendront leur rapport qu'en juin. Quant à une éventuelle aide supplémentaire, il faudra que la Grèce « fasse des efforts » pour appliquer les « réformes », s'engage à économiser 50 milliards d'euros d'ici 2015, en commençant par récupérer 16 à 20 milliards grâce à des privatisations d'ici 2013. Papandréou a immédiatement affirmé que c'était sa priorité. Tout, ou presque, est à vendre, au moins en partie : la compagnie d'électricité (DEI) où la part de l'État passera de 51 % à 34 % ; 20 % de la compagnie de téléphone (OTE), la compagnie du gaz dont l'État ne gardera que 34 %, les casinos, les ports et aéroports, une partie de la société d'exploitation des chemins de fer, des parts de la Caisse des dépôts et de la banque postale. Cette braderie en perspective intéresse déjà certains groupes : Deutsche Telekom déjà actionnaire de l'OTE, Hochtief qui étendra sa concession actuelle de l'aéroport d'Athènes, le PMU français qui s'intéresse à l'organisme grec des paris hippiques, etc.

Voilà ce que les dirigeants européens osent appeler « aide » à la Grèce : une politique systématique d'appauvrissement, un étranglement de la population pour aider leurs banquiers et leurs trusts.

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