Crédit renouvelable : Une escroquerie qui se perpétue18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Leur société

Crédit renouvelable : Une escroquerie qui se perpétue

La loi due à Christine Lagarde, ministre de l'Économie et des Finances, qui devait mettre un terme aux crédits revolvings, ces crédits à la consommation dont le remboursement ne finit jamais, est entrée en vigueur le 1er mai.

Si elle apporte un petit mieux dans les modalités de fonctionnement de ces crédits, elle est très loin de mettre fin au scandale. Compte tenu des difficultés grandissantes des familles populaires à joindre les deux bouts en fin de mois, il y a toutes les chances que les dossiers de surendettement continuent donc de s'accumuler.

L'essentiel des corrections apportées au mécanisme concerne la possibilité - mais pas l'obligation - qu'auront les banques de donner le choix à l'emprunteur d'une somme dépassant 1 000 euros, entre un crédit classique, à un taux autour de 6 %, et un crédit revolving à un taux d'accroche bas mais montant rapidement au niveau d'un taux d'usure (autour de 20 %). Autre nouvelle mesure : le délai maximum de remboursement est fixé à trois ans pour un emprunt inférieur à 3 000 euros et à cinq ans au-delà. Mais cela revient nécessairement à augmenter les mensualités de façon à accélérer le remboursement, ce qui représentera une difficulté supplémentaire pour les emprunteurs.

Il y aura aussi un délai de quatorze jours pour se rétracter, contre sept actuellement, l'obligation faite aux banquiers d'inscrire dans leurs publicités le taux effectif du crédit en caractères aussi importants que le taux d'accroche, l'interdiction de donner aux employés de banque une rémunération en fonction du nombre de prêts revolving placés, ainsi que quelques autres dispositions techniques. Rien de cela ne sera très gênant pour les banques et organismes financiers comme Sofinco, Finaref ou autres chevaliers du crédit ayant pignon sur rue, qui réussissent à saigner à blanc les familles les plus en difficulté.

Aujourd'hui, 900 000 ménages sont officiellement recensés comme étant en situation de surendettement, liée en majeure partie à des crédits revolving à la consommation, soit une augmentation au cours de l'année 2010 de 17 %. Face à cette situation, Christine Lagarde maintient ce type de crédit, qu'elle considère comme indispensable pour soutenir la consommation, et espère « qu'on va avoir une réorientation vers davantage de crédit classique et moins de crédit renouvelable ».

La seule mesure efficace serait l'interdiction de cette pratique usuraire et l'effacement sans autre forme de procès de la dette de tous les ménages étranglés par ce type de crédit. Quant à soutenir la consommation, les patrons et l'État employeur doivent commencer par augmenter de façon importante tous les salaires. Ils en ont largement les moyens.

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