« Peut-on augmenter les salaires ? ». C'est la question que pose Le Monde Économie daté du 17 mai. Le journal conclut sans grande surprise que les entreprises qui font beaucoup de profits, notamment les grands groupes, pourraient le faire et que celles qui n'en font pas, spécialement les petites entreprises, ne le peuvent pas.

De la même façon, la présidente du Medef, Laurence Parisot, assure à qui veut l'entendre que les patrons n'ont pas de plus cher désir que celui d'augmenter les salaires. Hélas, la concurrence internationale ferait qu'ils ne le peuvent pas, ou pas encore, ou pas beaucoup, etc.

Sarkozy s'est lui aussi penché sur la question. Tout en bloquant les salaires des fonctionnaires et en n'augmentant le smic que du minimum légal, il a laissé entendre que les entreprises qui distribuent des dividendes devraient verser une prime de 1 000 euros à chaque salarié. Après passage par les services gouvernementaux, il ne reste pas grand-chose du verbe présidentiel puisque que, de toute façon, rien ne sera imposé aux patrons et que cela ne concernera que quatre millions de salariés. Cela pourrait même servir d'arme au patronat pour ne pas accorder de véritable augmentation de salaires ou éviter de payer des cotisations sociales.

Mais qu'en est-il des salariés des autres entreprises, celles qui ne versent pas de dividendes, voire qui ne font pas de bénéfices ou du moins qui le prétendent ? Si les travailleurs se donnaient les moyens de contrôler les comptes des entreprises, ils découvriraient bien souvent des bénéfices insoupçonnés.

Ainsi, combien de petites entreprises sous-traitantes ne sont que des ateliers externalisés travaillant pour de grands groupes, qui font d'autant plus de profits que leurs sous-traitants versent des petits salaires ?

C'est l'ensemble de l'économie, et donc l'ensemble des travailleurs, qui produit le profit que les capitalistes s'approprient. Le niveau du salaire n'est donc qu'une question de rapport de force général entre les classes sociales et pas seulement entre un patron et « ses » employés. De ce point de vue, il n'y a aucun doute : oui, on peut augmenter les salaires, le tout est de l'imposer en changeant le rapport des forces.