Selon le journal Les Échos, les laboratoires Servier - producteurs entre autres du Mediator, médicament qui aurait fait en trente ans entre 500 et 2 000 morts avant d'être retiré du marché français en novembre 2009 - sont dans une excellente santé financière. En 2010, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros, en augmentation de 6 % par rapport à 2009, un bénéfice de 378 millions d'euros, soit presque le double de l'année précédente, et dispose d'une trésorerie de deux milliards d'euros. Ce qui n'empêche pas ses dirigeants, depuis le début de l'affaire, de multiplier les manouvres destinées à faire obstacle ou à limiter l'indemnisation des victimes.

Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a annoncé le mois dernier la création d'un Fonds d'indemnisation des victimes du Mediator, géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM). C'est cette institution, dépendant du ministère de la Santé, qui selon le ministre serait chargée des indemnisations, quitte, dans un deuxième temps, à saisir la justice pour se faire rembourser les sommes avancées. Mais combien de temps faudra-t-il pour que ces sommes soient remboursées... si elles le sont jamais ?

Servier a largement de quoi indemniser les préjudices qu'il a causés : il n'y a aucune raison pour que ce soit l'État, autrement dit les contribuables, qui avancent, et à plus forte raison qui payent ce qu'il doit.