Malgré les pressions de la Cour suprême des États-Unis qui l'invitait à revenir sur sa décision, la cour d'appel fédérale de Philadelphie a confirmé, pour la seconde fois en trois ans, la suspension provisoire de la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.

C'est un petit camouflet pour la Cour suprême. Mais, même si la cour d'appel a relevé le fait que, lors du procès de 1982, les feuilles d'instruction du verdict données au jury invitaient les jurés à ne pas tenir compte des circonstances atténuantes dans leur verdict, la nouvelle décision n'ouvre pas la voie à une révision complète du procès, une possibilité que la Cour suprême a écartée l'an dernier. Si le procureur ne fait pas appel, les autorités judiciaires de Philadelphie sont invitées à désigner, dans les six prochains mois, un nouveau jury qui ne pourra que confirmer la peine de mort ou la remplacer par la prison à perpétuité.

Condamné à mort en 1982 pour le meurtre d'un policier, Mumia Abu-Jamal, un militant de la cause des Noirs américains, a passé à ce jour plus de la moitié de sa vie en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, comme l'ont montré de multiples preuves (le vrai assassin s'est même dénoncé !), sans que la justice américaine s'en soit émue. Mais on sait que toutes les institutions judiciaires de ce monde n'aiment pas remettre en cause un jugement qu'elles ont prononcé. À plus forte raison quand l'État considère qu'il a en face de lui un adversaire politique déclaré.

Rappelons que, face à la révolte des Noirs américains et à leur radicalisation à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, l'appareil d'État nord-américain n'hésitait pas à abattre les militants noirs. Et quand il accordait un procès, le prévenu pouvait comparaître baillonné !

Heureusement, depuis des années, Mumia est soutenu par une campagne internationale qui a eu au moins le mérite de repousser à plusieurs reprises son exécution. Et tous ceux qui dans le monde dénoncent ce déni de justice ont bien l'intention de continuer à se mobiliser pour que justice soit rendue et Mumia Abu-Jamal libéré.