États-Unis : Attaques redoublées contre les travailleurs du secteur public04/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2231.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Dans le monde

États-Unis : Attaques redoublées contre les travailleurs du secteur public

La politique de l'État fédéral, de dilapider des milliards au profit des banques, des grandes entreprises et des riches particuliers et de faire payer la note à la population laborieuse, a son pendant dans la politique des pouvoirs publics à l'échelon des États, des districts et des villes. Si bien que les budgets des collectivités locales sont eux aussi en déficit et que les exécutifs locaux, qu'ils soient démocrates ou républicains, imposent des sacrifices à leurs salariés. Mais la situation ne fait que s'aggraver.

Quelques gouverneurs républicains, très antisyndicaux, en fonctions depuis janvier suite aux élections de novembre dernier, confortés par leur victoire, sont à l'avant-garde des attaques contre les salariés et les syndicats. Après le gouverneur du Wisconsin, c'est aujourd'hui celui du Michigan, Rick Snyder, qui est en première ligne. Il a fait voter et il a signé le 16 mars une loi qui lui permet de mettre en tutelle financière les pouvoirs locaux, en nommant des administrateurs dotés des pleins pouvoirs.

Nous publions ci-dessous la traduction d'un article paru dans Spark n°892 du 2 mai, le bimensuel de l'organisation trotskyste américaine du même nom.

(...) En effet cette loi donne au gouverneur de l'État la possibilité de réduire les subsides aux villes, aux districts, aux systèmes scolaires locaux, puis de déclarer qu'ils sont « menacés de faillite ». Le gouverneur peut alors nommer un « directeur financier de crise ».

Cette personne a le pouvoir de prendre toutes les décisions qui concernent la ville, le district ou les écoles concernés. Il peut mettre sur la touche tous les élus ou passer par-dessus leur tête, faire des décrets qui ont force de loi. Il peut annuler les contrats des travailleurs du secteur public avec les syndicats, réduire leur salaire et leurs avantages sociaux, supprimer des emplois et aggraver leurs conditions de travail. Il peut aussi signer des contrats juteux. La seule chose sur laquelle il n'a aucune prise, c'est le remboursement des dettes contractées par les pouvoirs locaux et le paiement des intérêts : le gouverneur l'a clairement affirmé pour rassurer les possesseurs de capitaux.

Le directeur financier de crise est un véritable dictateur chargé d'imposer les volontés du capital sans avoir à s'encombrer de longues procédures légales. Et il ne peut pas être désavoué lors de futures élections.

Le jour suivant la mise en vigueur de la loi, le directeur financier de crise de Benton Harbor, une petite ville du Michigan, a vendu une plage publique à un promoteur - alors que la transaction avait été bloquée pendant trois ans par le Conseil municipal. Il a ensuite donné la gestion de l'eau à une autre compagnie privée. D'autre part, il procède au regroupement de la police avec les pompiers, de façon à ce que les pompiers puissent répondre à des appels concernant des cambriolages et que les policiers puissent participer à l'extinction des incendies, tout en réduisant les effectifs.

Le directeur financier de crise désigné pour les écoles de Detroit a ordonné la transformation de 45 écoles publiques en « Charter schools », c'est-à-dire en écoles financées par l'argent public mais gérées par le privé. Il n'a donné aux écoles publiques que quelques semaines pour trouver une compagnie privée qui les reprenne et celles qui n'en trouveront pas seront tout simplement fermées. Il a fait savoir clairement que les accords avec les syndicats ne seraient pas respectés, les salaires et l'ancienneté non plus. Et il a envoyé un avis de licenciement à tous les enseignants du système scolaire de la ville. Il a précisé que ce ne sont ni les protections contre les licenciements arbitraires ni les règles d'ancienneté qui serviront de critères pour choisir ceux qui seront réembauchés. Et ils le seront avec une paye amputée.

La même semaine, le maire de Detroit a fait le chantage suivant : si les syndicats n'acceptent pas les sacrifices qu'il exige en ce qui concerne les salaires, la couverture médicale et les retraites des employés de la ville, il demandera au gouverneur de nommer un directeur financier de crise. Le gouverneur a alors fait savoir qu'il nommerait à ce poste... le maire lui-même !

Le gouverneur du Wisconsin, Walker, lui qui s'en est pris de façon spectaculaire aux employés du secteur public et à leurs syndicats en février et mars derniers, a trouvé géniale l'idée du nouveau gouverneur du Michigan et il prépare sa propre version du directeur financier de crise. Au Wisconsin, il aura le titre de « Shérif financier de crise » !

Le procédé va faire école car il s'inscrit dans une vague d'attaques sans précédent contre les employés du secteur public et, au-delà, contre l'ensemble de la classe ouvrière. Mais celle-ci, dont les forces sont intactes, a commencé à réagir et il faut souhaiter que ces attaques vraiment provocantes déclenchent la colère des travailleurs et la volonté de mettre un coup d'arrêt à tous ces reculs.

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