Italie : Les arrivées de migrants à Lampedusa30/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2226.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Italie : Les arrivées de migrants à Lampedusa

Près d'un millier de migrants provenant de Tunisie et de Libye sont arrivés, dans la seule nuit de lundi 28 au mardi 29 mars, en Sicile et dans l'île italienne de Lampedusa, à bord de plusieurs embarcations. La première a accosté près de Raguse, dans le sud de la Sicile avec près de 500 personnes à bord dont des femmes et des enfants, essentiellement des Érythréens, des Somaliens et des ressortissants d'autres pays de la Corne de l'Afrique fuyant les combats en Libye.

De tels bateaux chargés de migrants, voyageant dans des conditions précaires et au péril de leur vie, arrivent continuellement à Lampedusa, territoire italien le plus proche des côtes tunisiennes. Ceux présents dans l'île dépassent en permanence les 5 000, autant que la population locale. Ils sont entassés dans des conditions extrêmement précaires, obligés de dormir dehors, sans abri, sans sanitaires. Cette situation a provoqué pour la première fois chez certains habitants des manifestations contre ces débarquements, une hostilité qui est dirigée également contre le gouvernement qui n'a rien fait pour prévoir un accueil décent de ces milliers d'hommes et de femmes.

Car bien évidemment pour le gouvernement italien, il n'est pas question de laisser tout simplement ces migrants circuler librement et légalement dans le pays. Ceux qui sont finalement évacués de Lampedusa sont internés dans des centres de rétention nouvellement créés en Sicile et de préférence dans le sud du pays. Le prétexte cynique, invoqué par la Ligue du Nord, parti xénophobe qui mène campagne contre la présence des immigrés est que « les centres d'accueil sont mieux au sud, le climat est plus convenable ». Ainsi les plus pauvres restent avec les pauvres.

Le ministre des Affaires étrangères Frattini a proposé d'inciter les nouveaux immigrants à rentrer dans leur pays en leur proposant une indemnité de 2 500 dollars : une partie étant financée par l'OIM (organisation internationale pour la migration), l'autre avancée par le gouvernement italien, mais à condition qu'elle soit remboursée ensuite par l'Union européenne. Mais la Ligue du Nord a protesté et le ministre de l'Intérieur, Maroni, qui en est membre, a donné de la voix en sommant le gouvernement tunisien d'agir pour empêcher l'émigration, menaçant de renvoyer de force les immigrés tunisiens dans leur pays.

En effet, le gouvernement italien ne peut plus s'appuyer sur un Kadhafi qui enfermait les candidats à l'immigration dans les camps de détention du désert libyen, où ils mouraient de faim, de soif et de mauvais traitements. En 2008, l'Italie avait signé un accord « d'amitié » avec la Libye, accord que Maroni avait alors salué avec enthousiasme comme une « grande victoire contre l'immigration clandestine ».

Les gouvernements des autres pays européens n'agissent pas différemment ; le gouvernement français refoule aussi ceux qui tentent de franchir ses frontières. Aucun de ces gouvernements de l'Union européenne ne veut de ces pauvres, dont l'accueil ne devrait pas poser de problème à ces pays riches, alors même qu'ils sont responsables de la misère dans laquelle se trouvent les pays du Maghreb et de tout le continent africain.

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