Centrales nucléaires - Quand les Comités d'hygiène et de sécurité (CHS) : Sonnent le tocsin30/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2226.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Nucléaire

Centrales nucléaires - Quand les Comités d'hygiène et de sécurité (CHS) : Sonnent le tocsin

Tous les ans, les CHS des centrales nucléaires établissent un rapport d'activité contenant des remarques sur les conditions d'hygiène, de sécurité et les conditions de travail. Ces rapports sont mis en ligne sur les sites des différentes centrales et sont obligatoires depuis la loi de 2006 relative à la transparence en matière de sécurité nucléaire.

La lecture d'un certain nombre d'extraits de ces rapports annuels de ces dernières années, cités par le journal Le Monde Diplomatique dans son numéro d'avril, donne froid dans le dos.

Ainsi, à la centrale de Chinon, le CHS se pose la question : « Quelle efficacité humaine, avec des horaires de travail dépassant de façon quasi quotidienne les 12 heures par jour ? » Les heures supplémentaires sont légion dans les centrales, particulièrement lors des arrêts de tranche, lorsqu'un réacteur est arrêté pour une maintenance lourde et un rechargement du combustible.

À la centrale de Saint-Alban, le CHS explique : « En matière de maintenance, on sait facilement ce qu'on économise en sous-traitant, en externalisant, en ayant recours à des personnels parfois moins formés, moins qualifiés, soumis à forte pression pour redémarrer la production dans les délais prévus. »

Cela n'est pas sans conséquence sur les conditions de sûreté des installations, comme le souligne le CHS de Cattenom : « Les dégradations des conditions de travail, la surcharge de travail due au manque d'effectif, les objectifs inatteignables augmentent la souffrance au travail. Ces risques psychosociaux ont un impact direct sur le niveau de sûreté et sur les conditions d'exploitation. »

À EDF partiellement privatisée, comme à France Télécom privatisée, l'aggravation des conditions de vie et de travail des agents a été considérable. Le CHS de la centrale de Paluel souligne : « États de souffrance, épisodes dépressifs notables, états réactionnel aigus, démobilisation professionnelle, troubles du sommeil. »

Tout cela contribue à mettre à mal la sûreté des installations nucléaires. Le CHS de Nogent-sur-Seine constate que « les choses à nouveau se dégradent, avec une cinétique inquiétante dans le domaine de la sécurité, de l'organisation matérielle et technique du travail. Le nombre global d'accidents a triplé en trois ans. »

La politique du « risque calculé », et non du risque zéro qui devrait être la règle dans le nucléaire, est dénoncée par le CHS de la centrale de Saint-Alban : « À ce jour, la tranche 2 fonctionne depuis plusieurs mois avec une fuite hydrogène, certes surveillée et inférieure aux critères d'arrêt. »

Les centrales nucléaires en France ne risquent sans doute pas d'être noyées par un tsunami. Mais la course au kilowatt à produire au meilleur coût, qui est devenue l'obsession de l'entreprise partiellement privée EDF, est sans doute le plus gros danger d'une industrie par nature dangereuse.

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