SNCF - Artenay (Loiret) Insécurité ferroviaire : Un déraillement... et un avertissement23/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2225.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

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SNCF - Artenay (Loiret) Insécurité ferroviaire : Un déraillement... et un avertissement

Dans la nuit du 8 au 9 mars, vers une heure du matin sur la ligne Orléans-Paris à Artenay, un train de fret a déraillé à 100 km/h. C'est la rupture totale d'un essieu qui a provoqué le déraillement et occasionné de gros dégâts matériels aux wagons et à la voie.

Par chance, le train a déraillé côté talus et non côté entrevoie, ce qui aurait pu provoquer une collision avec un autre convoi sur la voie contiguë. Il a fallu plusieurs jours de travaux, d'abord pour relever les wagons, ensuite pour rendre cette voie de nouveau apte à la circulation des trains.

Auparavant, la rupture totale d'un essieu était un accident très rare dans les chemins de fer. Il y avait, dans les triages, des équipes de visiteurs chargés de vérifier, avant chaque départ de train, que les wagons étaient aptes à circuler en toute sécurité. Mais depuis plus de vingt ans, la SNCF n'a fait que supprimer ces cheminots pour rentabiliser le fret. Là où il y avait ce type d'équipe tous les 100 à 150 kilomètres, il n'en reste plus qu'aux points-frontières et dans les quatre à cinq triages qui subsistent encore. Pire, la politique de rentabilisation de l'entretien des wagons fait que, de ce fait, « les pas de révision » ont été considérablement allongés et que les wagons rentrent de moins en moins souvent en atelier pour leur entretien.

Le train de fret qui a déraillé cette nuit-là était un train privé appartenant à Euro Cargo Rail, un opérateur privé autorisé à faire circuler des trains sur le réseau depuis son ouverture à la concurrence. Mais tous les cheminots savent bien qu'au nom de cette concurrence, c'est toute la politique de sécurité qui est mise à mal, non seulement chez les opérateurs privés, mais aussi au sein de la SNCF elle-même. D'ailleurs, les cheminots du wagon de secours qui interviennent sur les gros déraillements ont parlé de « véritable maladie en ce moment pour ce qui concerne les ruptures d'essieux ».

En apprenant ce déraillement, l'immense majorité des cheminots ont fait part de leur inquiétude du fait de la multiplication de ce genre d'accident, beaucoup évoquant la série d'accidents graves survenus en Angleterre quand les chemins de fer ont été privatisés. Le profit, la rentabilité n'ont jamais fait bon ménage avec un haut niveau de sécurité.

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