La Poste : Concurrence imaginaire, mais suppressions d'emplois réelles23/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2225.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Dans les entreprises

La Poste : Concurrence imaginaire, mais suppressions d'emplois réelles

Depuis le 1er janvier, le monopole de La Poste en matière de distribution du courrier a totalement pris fin. C'est le dernier pas d'une ouverture progressive à la concurrence qui, depuis juin 1999, a touché successivement les lettres de plus de 350 grammes, puis de 100 grammes et en janvier 2006 celles de plus de 50 grammes.

C'est au nom de cette concurrence que les postiers auraient dû tout accepter : suppressions d'emplois, salaires bloqués, mauvaises conditions de travail... Pourtant, le moins que l'on puisse dire est qu'aujourd'hui, depuis que La Poste est entièrement livrée à la concurrence, les entreprises ne se bousculent pas pour prendre sa place. Celles qui s'y étaient essayées sur les envois de plus de 50 grammes ont renoncé. Adrexo, filiale d'un groupe de presse, s'est retiré du marché il y a deux ans et Alternative-Post a fait faillite il y a un an. Le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, déclare que seuls des secteurs bien ciblés, le quartier de la Défense en région parisienne par exemple, pourraient à l'heure actuelle intéresser de nouveaux opérateurs.

Voilà donc à quoi se réduit le fameux « choc de la concurrence », au nom duquel La Poste a été transformée à marche forcée par sa direction et par les gouvernements successifs. Par contre les réductions d'emplois se succèdent au rythme de 8 000 par an et presque la moitié des opérations de poste à la campagne ont étés transférées à des commerçants ou aux communes. Le seul objectif est de faire plus de bénéfices, ce qui implique l'abandon des activités jugées non rentables, même quand elles sont utiles à la population, et l'accroissement permanent de la charge de travail des postiers. La Poste a été transformée en société anonyme par Sarkozy en mars 2010 et, si pour l'instant son seul actionnaire est la Caisse des Dépôts et Consignations, l'objectif est d'en attirer d'autres en augmentant la rentabilité, pour atteindre les 8 % de marge bénéficiaire en 2015. La Poste française suivrait l'exemple de sa consoeur allemande. Celle-ci a été transformée en société anonyme en 1995, introduite en Bourse en 2000 et l'État allemand s'en est complètement retiré en 2005. C'est aujourd'hui un trust privé, leader mondial de la logistique.

Comme on le voit, ce ne sont pas les concurrents qui font des dégâts et démantèlent un service public, c'est la politique de La Poste, et elle seule.

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