France-Guinée : Deux chefs d'État aux petits soins pour Bolloré23/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2225.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Dans le monde

France-Guinée : Deux chefs d'État aux petits soins pour Bolloré

Trois jours avant sa première visite officielle en France, Alpha Condé, président de la Guinée élu à la fin de l'année dernière, a confié la gestion du port de Conakry, la capitale du pays, au groupe Bolloré.

Une autre société, française elle aussi, Getma (groupe NCT Necotrans), s'est trouvée ainsi évincée, alors qu'en 2008 elle s'était vu attribuer le marché, théoriquement pour vingt-cinq ans, après un appel d'offres pour lequel Bolloré n'était arrivé qu'en deuxième position. Il faut dire que la privatisation de la gestion du port de Conakry, amorcée dans les années quatre-vingt, a aiguisé les appétits, dans un pays où l'armée a fait régner la terreur, imposant des salaires particulièrement bas. Selon le Premier ministre guinéen, le revenu moyen équivaut à 300 dollars (212 euros) par an.

Les concurrents malheureux de Bolloré, les dirigeants de Getma, se plaignent du fait que, quelques heures avant l'annonce officielle de leur éviction, la direction du port de Conakry a fait appel à la police et à l'armée pour bloquer leurs locaux, réquisitionner leurs 400 salariés ainsi que le matériel et les bureaux, de façon à ce que la filiale de Bolloré s'y installe. Bolloré avait financé Alpha Condé quand il était dans l'opposition, et une filiale de l'agence Havas, dont Bolloré est le principal actionnaire, avait été chargée de sa campagne présidentielle. Cela explique la gratitude du dirigeant guinéen.

Bolloré a aussi ses entrées au sein de l'État français. On ignore s'il a été payé de retour pour avoir mis à disposition de Sarkozy son jet privé et son yacht juste après l'élection de 2007. Ce qui est certain, c'est que Bolloré a développé l'entreprise familiale en mettant la main sur d'anciennes sociétés de négoce colonial, tout en cultivant les relations avec le personnel politique français en lien avec l'Afrique. Pendant dix ans, jusqu'en 2009, Bolloré a eu comme proche collaborateur Michel Roussin, ancien numéro deux des services secrets, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, ancien ministre de la Coopération du gouvernement Balladur et président du Medef Afrique.

Aujourd'hui, quand Sarkozy reçoit le chef d'État guinéen, c'est un peu comme s'il recevait Bolloré.

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