Élections cantonales : Après le premier tour23/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2225.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

Élections cantonales : Après le premier tour

On ne peut commenter valablement les résultats des différentes formations en lice au premier tour des élections cantonales du 20 mars sans prendre en compte d'abord l'abstention record qui l'a marqué. Avec près de 56 % des inscrits ( plus de 59 % si on y ajoute les votes blancs et nuls) elle dépasse les chiffres jamais atteints dans un scrutin général, même s'il n'était pas national, puisqu'il ne concernait que la moitié des cantons.

Ce nouveau recul de la participation traduit incontestablement la colère et le désaveu largement fondés d'une fraction de l'électorat à l'égard d'un monde politicien que l'on a vu, surtout à droite, mais pas seulement, mêlé à des scandales à répétition. Un monde que l'on a vu aussi renier ses engagements. Cette abstention, par nature difficile à interpréter, touche dans ce scrutin plus la droite que la gauche et en particulier l'UMP. Mais tous les partis qui présentent des candidats dans la majorité des cantons - aucun n'est présent partout - c'est-à-dire l'UMP, le PS, le FN et le Front de gauche en subissent les effets à des degrés divers.

Les commentateurs ont mis l'accent sur la « victoire » ou la « poussée » du Front National. Certes dans la compétition féroce, électoralement parlant, qui oppose à droite le FN et l'UMP, c'est incontestablement le premier qui a remporté cette manche. Le FN ne fait pas tout à fait jeu égal, 15,06 % pour le FN contre 16,97 % pour l'UMP, mais l'écart se réduit.

En fait la compétition FN/UMP se déroule au sein de la droite, qui se dispute un même électorat depuis de longues années, sensible au discours traditionnel de la droite, nationaliste pour ne pas dire chauvin, antisyndicaliste, anticommuniste, en un mot antiouvrier. Certes il y a des candidats lepénistes issus des milieux populaires, mais cela n'est pas nouveau et cela ne signifie rien quant à leur politique.

La poussée indéniable mais relative du FN s'explique essentiellement par des va-et-vient de voix entre la droite et l'extrême droite qui se disputent un même os électoral, même si, ne l'oublions pas, ce transfert des choix des électeurs aura des conséquences sur les politiques qui seront menées, et qui sont d'ailleurs déjà mises en oeuvre par le gouvernement en place. Une évolution dont il faut sérieusement s'inquiéter.

La gauche a vu son audience électorale se réduire considérablement au fil des années, non pas tant que ses électeurs se soient massivement portés vers le FN - il y en a - et cela se voit dans les milieux populaires, mais ceux-ci se retrouvent de plus en plus nombreux parmi les abstentionnistes. Le PS, avec 26, 7 % des suffrages exprimés, sort en tête de ce scrutin, mais pas autant qu'il pouvait l'espérer, moins que ne le laissaient entendre les pronostiqueurs. Cette gauche gouvernementale paye ses reniements répétés, ses promesses non tenues, ses capitulations systématiques devant les groupes financiers et industriels.

Le Front de gauche, pour sa part, avec 8,7 % des suffrages, tire un peu mieux son épingle du jeu, confirmant si on en juge par la répartition de ses voix que c'est une fois de plus le PCF et ses militants qui tirent les marrons du feu pour Mélenchon. Cela lui permettra de mieux négocier avec le PS, lors des prochaines échéances électorales, en particulier à l'occasion des législatives de 2012. Mais négocier sur quoi ? Certainement sur le nombre d'élus que chacune des formations se partagerait mais pas sur la politique qu'il faudrait mener pour le monde du travail.

Qu'est- ce que cela changerait au sort des travailleurs ? Rien, absolument rien.

Il ne faudrait pas oublier l'essentiel. Les élections, et celles-là en particulier, ne sont que le reflet très déformé de la réalité. Et celle que vivent les classes populaires, c'est l'exploitation durement renforcée par une crise dont les travailleurs et les classes populaires ne voient pas la fin, et qui peut connaître des aggravations brutales. Les échéances importantes ne seront sans doute pas celles que nous proposent les calendriers électoraux, mais ce sont elles que le monde du travail doit préparer.

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