Belgique : Après le rejet de l'accord salarial, des directions syndicales qui refusent de mobiliser09/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2223.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

Belgique : Après le rejet de l'accord salarial, des directions syndicales qui refusent de mobiliser

En Belgique, le système de la « concertation sociale » prévoit tous les deux ans la négociation d'un « accord interprofessionnel » (AIP) entre le patronat et les syndicats. L'AIP fixe notamment le cadre de l'évolution salariale pour les environ 2,6 millions de travailleurs du secteur privé.

Début février, un projet d'accord était soumis favorablement par les directions syndicales à leurs structures. Mais à la FGTB (syndicat socialiste, 1,45 million de membres) il était rejeté à 75 % des votes. La CGSLB (270 000 membres) votait contre à 55 %. À la CSC (le syndicat chrétien, 1,7 million de membres) le projet obtenait une majorité « sans enthousiasme », avec 68 % des voix.

Ce qui ne passait pas était notamment « l'augmentation » de 0,3 % accordée par le patronat pour 2012, en plus de l'indexation automatique des salaires qui est très loin de suivre les prix. Beaucoup de délégués d'entreprise se voyaient mal défendre ce chiffre ridicule, alors que les grandes entreprises réalisent d'énormes profits.

L'autre gros point de désaccord, notamment parmi les employés, est l'alignement vers le bas du statut des employés vers celui des ouvriers. Les préavis de licenciement des employés seraient réduits, pour se rapprocher de ceux des ouvriers, diminuant d'autant ce que les employés peuvent toucher lors d'un licenciement. En contrepartie, le patronat renonçait - pour le moment - à réviser, à la baisse bien sûr, le calcul de l'indexation des salaires, déjà très théorique.

Devant le résultat de ces votes, les directions de la FGTB et de la CGSLB se sont résolues à des actions le vendredi 4 mars. Une série de manifestations locales et de grèves ont été décidées pour les grands centres industriels du pays. Les jours précédant le 4 mars, on pouvait rencontrer des travailleurs qui se réjouissaient de la perspective de « manifester à Bruxelles », ensemble avec les travailleurs de l'autre communauté linguistique. Mais les appels à la mobilisation sont restés très confidentiels, et sans appel à une manifestation nationale.

Sous prétexte que la CSC n'appelait pas à la grève, et soi-disant pour ne pas faire une « promenade » de plus, la FGTB n'a proposé aux militants que des piquets de grève devant les entreprises, ou bien le blocage de zones industrielles.

La grève a été importante, y compris d'affiliés CSC, mais passive. Une majorité de travailleurs sont restés chez eux, certains tracts de la FGTB les y invitant même expressément. Quant aux militants, ils se sont retrouvés très dispersés, à bloquer à un petit nombre, pendant des heures, des ponts, des galeries marchandes, des ronds-points... confrontés à l'hostilité de petits patrons, d'indépendants, de gens pas au courant, de salariés inconscients... De quoi en refroidir pas mal !

À la fin de la journée, le Premier ministre annonçait que le gouvernement fédéral - censé ne traiter que les « affaires courantes » depuis sa démission il y a presque un an - ferait appliquer l'AIP. C'est la deuxième fois qu'un AIP est ainsi appliqué par le gouvernement à défaut d'un accord. Cela inquiète les directions syndicales bien plus que les réductions de salaires que pourraient subir les travailleurs, car leur rôle d'avocats de la classe ouvrière et d'intermédiaires est ainsi mis à mal.

Dans ce contexte, il n'est pas impossible que les directions syndicales finissent par mobiliser plus largement les travailleurs. Mais pour l'instant, pendant qu'elles hésitent, les conditions des travailleurs continuent à se dégrader, et la colère à s'accumuler lentement et sûrement...

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